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100 ADÉLAÏDE DU (iUESCLIN.

Rofloutez mon amour, tremblez tie ma colère ; C’est lui seul désormais que mon bras va chercher ; De son cœur tout sans^lant j’irai vous arracher ; Et si, dans les horreurs du sort (jui nous accable. De quelque joie encor ma fureur est capable, Je la mettrai, perfide, à vous désespérer.

ADÉLAÏDE.

Non, seigneur, la raison saura vous éclairer.

Non, votre âme est trop noble, elle est trop élevée,

Pour opprimer ma vie après l’avoir sauvée.

Mais si votre grand cœur s’avilissait jamais

Jusqu’à persécuter rol)jet de vos bienfaits,

Sachez que ces bienfaits, vos vertus, votre gloire.

Plus que vos cruautés, vivront dans ma mémoire.

Je vous plains, vous pardonne, et veux vous respecter

Je vous ferai rougir de me persécuter ;

Et je conserverai, malgré votre menace.

Une âme sans courroux, sans crainte, et sans audace.

VE\DÔME.

Arrêtez ; pardonnez aux trans|)orts égarés.

Aux fureurs d’un amant que vous désespérez.

Je vois trop qu’avec vous Coucy d’intelligence.

D’une cour qui me hait embrasse la défense ;

Que vous voulez tous deux m’unir à votre roi,

Et de mon sort enfin disposer malgré moi.

Vos discours sont les siens. Ah ! parmi tant d’alarmes.

Pourquoi recourez-vous à ces nouvelles armes ?

Pour gouverner mon cœur, l’asservir, le changer,

Aviez-vous donc besoin d’un secours étranger ?

Aimez, il suffira d’un mot de votre bouche.

ADÉLAÏDE.

Je ne vous cache point que du soin (|ui me touche, A votre ami, seigneur, mon cœur s’était remis ; Je vois qu’il a plus fait qu’il ne m’avait promis. Ayez pitié des pleurs que mes yeux lui confient ; Vous les faites couler, que vos mains les essuient. Devenez assez grand pour apprendre à dompter Des feux que mon devoir me force à rejeter. Laissez-moi tout entière à la reconnaissance.

VENDÔME.

Le seul Coucy, sans doute, a votre confiance ; Mon outrage est connu ; je sais vos sentiments.