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écrit ; ayez la bonté de jeter les yeux sur le fragment que je vous présente ; il m’a paru moins ennuyeux que celui que vous citez par rapport à la multiplication de l’espèce humaine[1].

XIV. — Femmes des rois.

Pour nous prouver que Jérusalem l’emporte sur Paris, sur Londres, et sur Madrid, vous nous dites que dans votre désert, lorsque vous étiez sans rois et sans souliers, il fut défendu à vos monarques, qui ne parurent que quatre cents ans après, d’avoir un trop grand nombre de femmes. Cette loi, qui est dans votre Deutéronome, ne détermine pas le nombre permis ; et c’est ce qui a fait croire à tant de doctes et profonds esprits, mais trop confiants en leurs lumières, que votre Pentateuque ne fut écrit que dans le temps où vos roitelets abusèrent de la polygamie si prodigieusement qu’il fallut les avertir d’être un peu plus modérés.

XV. — De la défense d’approcher de sa femme pendant ses règles.

Vous êtes, messieurs, d’un avis bien différent de notre fameux Fernel, premier médecin de François Ier et de Henri II ; il conseilla à Henri de coucher avec Catherine de Médicis dans le temps le plus fort de ses menstrues ; c’était, dit-il, le plus sûr moyen de la rendre féconde, et l’événement justifia l’ordonnance du médecin.

Vous, au contraire, messieurs, vous regardez cette opération, qui nous valut trois rois de France l’un après l’autre[2], comme un crime capital ; vous voudriez qu’on eût puni de mort Henri II et sa femme ; vous nous montrez leur condamnation dans le chapitre xx du Lévitique : « Qui coierit cum muliere in fluxu menstruo, et revelaverit turpitudinem ejus, ipsaque aperuerit fontem sanguinis sui, interficientur ambo de medio populi sui. — Si un homme se conjoint avec sa femme pendant ses mens-

  1. Ici, sous le titre de Fragment sur les femmes, Voltaire reproduisait un long passage de son article Femme des Questions sur l’Encyclopédie, depuis l’alinéa qui commence par ces mots : L’ignorance a prétendu, etc., jusqu’à la fin ; voyez tome XIX, pages 99-104.
  2. François II, Charles IX, Henri III, tous trois fils de Henri II et de Catherine de Médicis.