guère. Cet Évangile du jour est apparemment quelque libelle pour ou contre les jésuites, dont tout le monde parle : on appelle d’ordinaire évangile du jour, ou vaudeville, les nouvelles qui n’ont qu’un temps ; mais je crois que la nouvelle de l’abolition des jésuites durera plus longtemps qu’ils n’ont subsisté. »
Je suis flatté, monsieur le secrétaire, d’égayer la sécheresse de cette dispute par une lettre de mon ami : c’est une consolation qu’il ne faut pas envier à mon cœur. Mais comment me consolerai-je des calomnies dont vous ne cessez d’accabler un homme qui doit m’être cher ? Que vous a-t-il fait, encore une fois ? Êtes-vous ex-jésuite ? êtes-vous ex-convulsionnaire ? êtes-vous ex-chrétien ? êtes-vous juif ? Soyez homme. Vous prétendez que mon ami a dit dans les Anecdotes sur Bélisaire : La falsification est un cas pendable[1]. Mais il n’a jamais écrit d’Anecdotes sur Bélisaire ; c’est la calomnie qui est un cas pendable.
Je ne vous dis pas : Vous êtes un calomniateur ; je vous dis : Vous êtes la trompette de la calomnie. Il ne sied pas à un homme aussi éclairé et aussi spirituel que vous l’êtes de répéter des discours de cafés.
On a dit dans la Philosophie de l’Histoire[2], ou, si l’on veut, dans le discours qui précède l’histoire de l’esprit humain et des mœurs des nations, qu’Israël est un mot chaldéen ; il l’est en effet, et d’où le savons-nous ? De Philon, qui nous l’apprend dans le commencement de la relation de son voyage auprès de l’empereur Caligula, dont il fut si mal reçu. Voici ses paroles, car il faut répéter quelquefois : « Les hommes vertueux sont comme le partage de l’être souverain, dont l’empire est sans bornes. Les Chaldéens leur donnent le nom d’Israël, c’est-à-dire voyant Dieu. »
Vous avez cherché ce passage dans l’historien Josèphe, au lieu de le chercher dans Philon, qui est imprimé immédiatement après le cinquième tome de ce Josèphe ; et, ne trouvant pas ce