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devant celui qui seul a révélé au genre humain l’immortalité de l’âme, la résurrection, et le jugement dernier. Vous lui dites : « Seigneur, nous n’avions nul besoin de vous ; nous savions tout cela avant que vous vinssiez au monde. » Mon ami et moi nous lui disons : « Nous n’en savions rien ; nous vous devons toutes nos connaissances, » Or qui croyez-vous qui sera mieux reçu ?

DE QUELQUES NIAISERIES.

Après avoir jeté deux volumes à la tête de mon ami, monsieur ou messieurs, vous venez le battre à terre dans un troisième ; il est écrasé, et vous venez encore le percer de coups dans un petit commentaire. Voyons si, à l’exemple du Samaritain, rapporté dans l’Évangile[1], je ne pourrai pas, après avoir secouru le voyageur baigné dans son sang, le défendre des mouches, qui viennent y goûter.

PREMIÈRE NIAISERIE.
sur le kish ibrahim.

Vous voulez parier que mon ami, qui a cité[2] Hyde sur l’ancienne religion des Perses, n’a jamais lu Hyde. Ne voilà-t-il pas un sujet de dispute bien intéressant, bien utile ! Un vieillard, retiré entre les hautes Alpes, a-t-il lu un livre très-confus d’un Anglais, écrit en latin ? Oui, monsieur, il l’a lu, et moi aussi ; et je n’y ai guère profité.

Vous voulez bien convenir que l’ancienne religion des Perses s’appelait kish Ibrahim, millat Ibrahim[3], culte d’Abraham ; vous l’avez appris de mon ami, et vous ne devez pas rougir, tout savant que vous êtes, d’avoir appris une chose très-indifférente d’un homme moins éclairé, mais plus vieux que vous. Et quand je vous dirai que, selon des gens plus instruits que moi, kish Ibrahim vient de l’arabe, et millat Abraham ou Ibrahim vient de l’ancienne langue des Mèdes, je ne vous dirai une chose ni bien sûre, ni bien importante.

  1. Luc, X, 33.
  2. Voyez tome XI, pages 34, 138 ; XVII, 39
  3. Voyez tome XI, page 46 ; XVII, 34.