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Ramoth en Galaad, et que le prophète Sédékia donna un grand soufflet au prophète Michée, en lui disant : « Devine comment l’esprit a passé de ma main sur ta joue[1]. » D’ailleurs, mon ami croyait fermement aux prophéties, mais peu à Sédékia.

Monsieu ou Messieurs, vous écrivez sous le nom de six juifs, et vous leus faites citer saint paul à propos des prophètes : cela n’est pas adroit.

XXXVIIDes sorciers et des possédés.

Vos Juifs ont eu des magiciens, des possédés, des exorcistes. Et quel peuple n’en a pas eu ? Lisez l’Âne d’or d’Apulée. Vous voulez faire accroire que mon ami s’est contredit quand il a prouvé[2] que les juifs furent longtemps sans connaitre les anges et les diables, et qu’ayant été faits ensuite faits esclaves, ils connurent les anges et les diables de leurs maitres. Il furent même bientôt endiablés, possédés, ensorcelés. Or, quand on a des ensorcelés chez soi, il faut bien qu’on les désensorcelle. Les Français, mes voisins, on un joli opéra-comique appelé Les Ensorcelés ; il est, je crois, de M. Sedaine[3]. Jeannot et Jeannette y sont possédés du diable ; et à la fin ils sont exorcisés, comme de raison, et heureusement guéris. Les juifs ayant dont fait connaissance avec le diables, eurent le secret de les chasser. Il firent des livres de Salomon, comme je vous l’ai dit ; ils mirent de la racine barat ou barad dans le nez des possédés, comme je vous l’ai dit encore[4]. Permettez-moi d’ajouter qu’il faut avoir le diable au corps pour trouver de la contradiction dans les laborieuses recherches de mon ami.

Et vous, mes amis le juifs, relisez votre historien Josèphe, au livre VII, chapitre xxiii, De la guerre contre les Romains : « Au nord de la vallée de Macheron, au camps nommé Barat, se trouve une plante du même nom qui ressemble à une flamme. Elle jette le soir des rayons brillants, et se retire quand on veut la prendre. On ne peut l’arrêter qu’avec de l’urine de femme, ou avec des mal-semaines. Qui la touche meurt sur le champ, à moins qu’il n’ait dans sa main une racine de la même plante. À

  1. Voyez tome XI, page 123 ; XXVI, 217.
  2. voyez tome XI, page 138,142 ; XVII, 39, 252, 253, 434 ; XIX, 519 ; XXV, 80 ; xxvi, 340 ; XXVII, 421.
  3. Les Ensorcelés, ou Jeannot et jeannette, parodie des Surprises de l’amour (par Marivaux), n’est pas de Sedaine, mais de Favart, Guérin et Harny.
  4. Voyez tome XI, page 137 ; XVIII, 336 ; XXV, 76 ; XXVII, 118