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Encore une fois, le P. Daniel ne comprend pas que chaque sexe, outre les défauts communs, en a de particuliers.

CII. — À l’occasion de Calvin et de Luther, peut-on dire qu’en renversant les cérémonies d’une religion on aille plus loin qu’en attaquant la croyance intérieure ?

Oui, parce qu’alors on détruit la religion, même du peuple.

CIII. — Il dit que le vin gelait tellement dans les tonneaux qu’on était contraint de le couper à coups de hache, et qu’on en vendait les pièces à la livre.

On prétend que cela est arrivé dans de grands froids.

CIV. — Le roi Henri vint à la couronne le même jour qu’il était venu au monde. Que prétend-il prouver par une pareille observation ?

Tacite et d’autres historiens font des remarques semblables. Mézerai a eu tort néanmoins de les imiter.

CV. — Il traite Diane de Poitiers d’impudique ! Belle occasion de dire une injure atroce à une personne qu’un grand roi considérait.

Le P. Daniel n’aime pas qu’on dise du mal des maîtresses des rois ; et tout cela pour flatter Louis XIV.

CVI. — Mézerai est persuadé qu’il faudrait appeler le cordonnier au conseil du roi pour apprendre les raisons de la moindre petite contribution qu’on lui demande.

Mézerai prend le parti du peuple, et le P. Daniel celui des rois. Cependant

Quidquid délirant reges plectuntur Achivi[1].

CVII. — Il parle des mouches de cour, qui s’attachent toujours à la corruption et qui en vivent. J’avoue que je n’entends pas qui il veut désigner par mouches de cour.

Ce sont les intrigants.

CVIII. — Il dit que Marie Stuart quitta avec grand regret le royaume de France, qui est un séjour fort agréable pour les dames qui veulent être aimées. Voilà comme il a coutume de parler.

Il ne rapporte que ce qui a été dit de tout le monde.

  1. Horace, liv. I, ép. ii, v. 14.