était presque impossible qu’un jésuite écrivît bien l’histoire de France.
Ce que le P. Daniel fait, soit ici, soit dans son histoire, en faveur de Louis XIV, le P. Rapin l’a fait avec la même adresse dans ses Réflexions sur l’histoire en faveur de sa société. Il n’y dit pas un mot de M. de Thou ; mais on voit qu’il ne le perd pas de vue, et que plusieurs maximes qu’il établit sont dirigées personnellement contre ce grand historien. Qu’on lise son ouvrage, et qu’on lise celui-ci, avec la clef que nous venons de donner, et on verra combien l’un et l’autre devient piquant.
I — Ceux qui sont les plus prévenus pour Mézerai demeurent d’accord que son style est dur, qu’il fait quelquefois des périodes mal liées, et qu’il emploie des termes barbares ou connus seulement du menu peuple.
Cette critique est juste.
II. — Ceux qui ont lu son histoire sans prévention ont trouvé qu’il est presque toujours de mauvaise humeur.
Cela est assez vrai.
III. — Qu’il ne sait pas faire le détail d’une action de guerre, et qu’il fait de mauvais raisonnements sur toute sorte de matières. Voilà ce que j’ai entrepris de faire voir.
On ne reprochera pas au P. Daniel de ne savoir pas parler de combats. Son histoire de la troisième race n’est qu’un récit de sièges, de batailles, etc. ; mais presque pas un mot de l’intrigue du cabinet, et pour cause.
I. — Je suis persuadé, comme le public, que Mézerai est un fort bon historien, et ce n’est que par simple amusement que j’entreprends de faire voir qu’il y a quelque chose à retrancher ou à changer dans son Histoire de France.