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consister qu’à payer difficilement les intérêts d’un capital qui épouvante.

Qu’on songe que, dans une situation si accablante, le ministère est encore obligé de réparer les désordres des saisons, de secourir des provinces en proie à des fléaux mortels ; de seconder des entreprises dont l’utilité est certaine, mais éloignée, et dont les frais ne peuvent guère être portés par un corps presque expirant sous un poids qui l’opprime.

Cette seule réflexion peut faire comprendre que le ministère des finances est aujourd’hui cent fois plus difficile qu’il ne le fut du temps du grand Colbert. Nous avons eu depuis lui vingt ministres d’une probité incorruptible ; mais aucun n’a pu débrouiller le chaos. La France peut se vanter d’avoir porté dans son sein le plus généreux de tous les hommes[1], qui, dans un double ministère, a uni pour jamais la France avec l’Espagne, et a donné la Corse à nos rois. D’autres ont fait du bien dans tous les genres ; mais qui liquidera un jour nos dettes ? Ce sera celui qui, ayant médité ces édits, aura l’inébranlable vertu et le génie du ministre qui les a faits.


fin de l’opuscule.
  1. Le duc de Choiseul.