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du 28.

Le sieur Aliamet dépose avoir ouï dire qu’un nommé Bauvalet avait dit que le sieur d’Étallonde avait dit qu’il avait trouvé chez ce nommé Bauvalet un médaillon de plâtre fort mal fait, et qu’ayant proposé de l’acheter de ce nommé Bauvalet, il avait dit que c’était pour le briser, « parce qu’il ne valait pas le diable ».

Il ne spécifie point ce que ce médaillon représentait, et on ne voit pas ce qu’on peut inférer de cette déposition. On a prétendu que ce plâtre représentait quelques figures de la Passion, fort mal faites.

Le même jour, Antoine Watier, âgé de seize à dix-sept ans, dépose avoir entendu le sieur d’Étallonde chanter une chanson dans laquelle il est question d’un saint qui avait eu autrefois une maladie vénérienne, et ajoute qu’il ne se souvient pas du nom de ce saint. Le sieur d’Étallonde proteste qu’il ne connaît ni ce saint ni Watier.


du 5 décembre 1765.


Marie-Antoinette Leleu[1], femme d’un maître de jeu de billard, dépose que le sieur d’Étallonde a chanté une chanson dans laquelle Marie-Magdeleine avait ses mal-semaines.

Il est bien indécent d’écouter sérieusement de telles sottises ; et rien ne démontre mieux l’acharnement grossier de Duval Saucourt et de Broutel. Si Magdeleine était pécheresse, il est clair qu’elle était sujette à des mal-semaines, autrement des menstrues, des ordinaires. Mais si quelque loustig[2] d’un régiment, ou quelque goujat, a fait autrefois cette misérable chanson grivoise, si un enfant l’a chantée, il ne paraît pas que cet enfant mérite la mort la plus recherchée et la plus cruelle, et périsse dans des supplices que les Busiris et les Néron n’osaient pas inventer.

Le même jour, le sieur de Lavieuville dépose avoir ouï dire au sieur de Saveuse qu’il a entendu dire au sieur Moinel que le sieur d’Étallonde avait un jour escrimé avec sa canne sur le pont neuf contre un crucifix de bois.

Je réponds[3] que non-seulement cela est très-faux, mais que

  1. Elle est appelée Marie-Antoinette Lelong, femme Racine, pages 7 et 24 du Recueil intéressant sur l’affaire du crucifix d’Abbeville, Londres ( Abbeville), 1776, in-12. L’éditeur de ce volume est Louis-Alexandre Deverité, né le 20 novembre 1743, mort le 31 mai 1818. (B.)
  2. Mot allemand qui signifie joyeux : voyez tome XXIV, page 92.
  3. C’est toujours d’Étallonde qui parle.