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même osé m’adresser seul à Votre Majesté, sans avoir consulté le roi mon maître, sans avoir demandé l’opinion de son chancelier et des chefs de la justice : ils ont confirmé l’avis des huit jurisconsultes de votre parlement. On connaît depuis longtemps l’avis du marquis de Beccaria, qui est à la tête des lois de l’empire. Il n’y a qu’une voix en Angleterre et dans le grand tribunal de la Russie sur cette affreuse et incroyable catastrophe. Rome ne pense pas autrement que Pétersbourg, Astracan et Casan. Je pourrais, sire, demander justice à Votre Majesté au nom de l’Europe et de l’Asie. Votre conseil, qui a vengé le sang des Calas, aurait pour moi la même équité. Mais, étranger pendant dix années, lié à mes devoirs, loin de la France, ignorant la route qu’il faut tenir pour parvenir à une révision de procès, je suis forcé de me borner à représenter à Votre Majesté l’excès de la cruauté commise dans un temps où cette cruauté ne pouvait parvenir à vos oreilles. Il me suffit que votre équité soit instruite[1].

Je me joins à tous vos sujets dans l’amour respectueux qu’ils ont pour votre personne, et dans les vœux unanimes pour votre prospérité, qui n’égalera jamais vos vertus.

À Neufchâtel, ce 30 juin 1775[2]

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PRECIS


DE LA PROCÉDURE D’ABBEVILLE.


du 26 septembre 1765.


Un prévôt de salle, nommé Étienne Nature, ami de Broutel, et buvant souvent avec lui, dit qu’il a entendu, dans la salle d’armes, le sieur d’Étallonde avouer qu’il n’avait pas ôté son chapeau devant la procession des capucins, conjointement avec le chevalier de La Barre et le sieur Moinel.

Et le même Étienne Nature se dédit entièrement à la confrontation avec les sieurs chevaliers de La Barre et Moinel, et déclare expressément que le sieur d’Étallonde n’a jamais mis le pied dans la salle d’armes.

  1. On voit que d’Étallonde ne demande rien. ( G. A.)
  2. D’Étallonde se trouvait à Ferney, mais comme il était au service du roi de Prusse, il datait sa requête de Neufchâtel, qui appartenait à ce prince. ( G. A.)