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Et le fatras pompeux,
Monté sur les grands mots…,
Voltaire, c’est ainsi
Que tes beautés fragiles,
De ton siècle ébloui
Charment les yeux débiles…
Ne se trouve en lambeaux.
Partout dans tes ouvrages ;
Et que tous ces oiseaux
Reprenant leur plumage,
De furtives couleurs
Le corbeau dépouillé,
Ne soit des spectateurs
Sifflé, moqué, raillé.

Qu’est-ce que tout cela ? De méchants vers de six syllabes en rimes croisées, ou de méchants vers alexandrins à rimes plates ? Ni l’un ni l’autre : c’est de la prose plate et monotone, et qu’on ose appeler vers et donner à Boileau.

Et c’est en mettant plus de quarante lignes de cette force dans une pièce qui n’en a pas quatre cents, et à laquelle on a dû travailler plus de deux ans, puisqu’elle répond à une autre qui depuis plus de deux ans[1] est publique ; c’est avec ce degré de talent, d’étude, de lumière et de goût, qu’on s’érige en Aristarque de tous les poètes et de tous les philosophes vivants, et qu’on insulte nommément MM. de Voltaire, d’Alembert, Diderot, Marmontel, Saurin, Thomas, de Saint-Lambert, du Belloi, Delille, de La Harpe, et plus qu’eux tous encore, Boileau, sous le nom duquel on met tant de sottises ! Ah ! vanité, vanité, que tu serais laide si tu n’étais pas ridicule !

J’ai l’honneur d’être, etc.


FIN DE LA LETTRE ANONYME

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  1. L’Épître à Boileau, par Voltaire (voyez tome X), est de 1769 ; le Boileau à Voltaire, par Clément, est de 1772.