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DE L’ENCYCLOPÉDIE[1]


(1774)




Un domestique de Louis XV me contait qu’un jour, le roi son maître soupant à Trianon en petite compagnie, la conversation roula d’abord sur la chasse, et ensuite sur la poudre à tirer. Quelqu’un dit que la meilleure poudre se faisait avec des parties égales de salpêtre, de soufre, et de charbon. Le duc de La Vallière, mieux instruit, soutint que pour faire de bonne poudre à canon il fallait une seule partie de soufre et une de charbon, sur cinq parties de salpêtre bien filtré, bien évaporé, bien cristallisé.

« Il est plaisant, dit M. le duc de Nivernois, que nous nous amusions tous les jours à tuer des perdrix dans le parc de Versailles, et quelquefois à tuer des hommes ou à nous faire tuer sur la frontière, sans savoir précisément avec quoi l’on tue.

— Hélas ! nous en sommes réduits là sur toutes les choses de

  1. Cet opuscule a été imprimé pour la première fois, à ma connaissance, vers la fin de 1774, à la suite de la tragédie de Don Pèdre (voyez tome VII, page 239). On pourrait croire qu’il était composé depuis six ans, puisque Voltaire parle de l’Encyclopédie comme n’ayant que vingt et un volumes, ce qui était exact en 1768 (voyez la note, tome XXVI, page 409), et ne l’était plus en 1774 ; mais, d’un autre côté, Voltaire parle de quatre réimpressions de l’Encyclopédie faites en pays étrangers. Ce sont : 1o  celle de Genève, dont les volumes portent les mêmes dates que ceux de l’édition de Paris ; 2o  celle de Lucques, dont le premier volume est de 1758 ; 3o  celle de Livourne, qui est de 1770. Je ne sais quelle est la quatrième, car les autres éditions de l’Encyclopédie sont postérieures à 1774. L’édition in-4o  de Genève est de 1777 ; celles de Lausanne, in-8o , et d’Yverdun, in-4o , sont de 1778.

    L’opuscule de l’Encyclopédie ne peut donc être antérieur à 1770, et je l’ai placé à la date de la première impression que j’en connaisse. Quelle que soit l’époque précise de sa composition, il y a anachronisme à y faire figurer Mme de Pompadour, morte le 14 avril 1764 (voyez tome XXV, page 451).

    Voltaire avait consacré à l’Encyclopédie, en 1763, le chapitre lxi de la Suite de l’Essai sur l’Histoire (voyez tome XXIV, page 469), et en 1767, la huitième de ses Lettres à S. A. monseigneur le prince de *** (voyez tome XXVI, page 512). (B.)