duisent aujourd’hui des perles d’une plus belle eau, soit que la matière qui les forme ait changé sur la plage de ce promontoire de l’Inde, comme tant de mines d’or, d’argent, et de tous les métaux, se sont épuisées dans tant de terres.
Vous allez alors un peu au nord du huitième degré de l’équateur où vous êtes, et vous voyez à votre droite la Trapobane ou Taprobane des anciens, nommée depuis par les Arabes l’île de Serindib, et enfin Ceilan. C’est assez, pour la faire connaître, de dire que le roi de Portugal Emmanuel, demandant à un de ses capitaines de vaisseau, qui en revenait, si elle méritait sa réputation, cet officier lui répondit : « J’y ai vu une mer semée de perles, des rivages couverts d’ambre gris, des forêts d’ébène et de cannelle, des montagnes de rubis, des cavernes de cristal de roche, et je vous en apporte dans mon vaisseau. » Quelle réponse ! et il n’exagérait pas.
Les Hollandais n’ont pas manqué de chasser les Portugais de cette île des trésors. Il semblait que le Portugal n’eût entrepris tant de pénibles voyages, et conquis tant d’États au fond de l’Asie, que pour les Hollandais. Ceux-ci s’étant rendus maîtres de toutes les côtes de Ceilan, en interdisent l’abord à tous les peuples. Ils ont fait le souverain de l’île leur tributaire ; et il n’est jamais tombé dans l’esprit des raïas, des nababs, et des soubas de l’Inde, de tenter seulement de les en déposséder.
Vous remontez de la côte de Malabar, que nous avons parcourue, à celles de Coromandel et de Bengale, théâtres des guerres entre les princes du pays, et entre la France et l’Angleterre.
Nous ne parlerons plus ici de monarques et de zamorins, rois des rois, mais de soubas, de nababs, de raïas. Cette côte de Coromandel est peuplée d’Européans comme celle de Malabar. Ce sont d’abord les Hollandais à Négapatam, qu’ils ont encore enlevé au Portugal, et dont ils ont fait, dit-on, une ville assez florissante.
Plus haut c’est Tranquebar, petit terrain que les Danois ont acheté, et où ils ont fondé une ville plus belle que Négapatam. Près de Tranquebar, les Français avaient le comptoir et le fort de Karical. Les Anglais, au-dessus, celui de Goudelour et celui de Saint-David.
Tout près du fort Saint-David, dans une plaine aride et sans port, les Français ayant, comme les autres, acheté du souba de la province de Décan un petit territoire où ils bâtirent une loge, ils firent, avec le temps, de cette loge une ville considérable : c’est Pondichéry, dont nous avons déjà parlé.