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DISCOURS

très-obscure et très-énigmatique ; mais enfin convenons qu’il a dit clairement que Jésus avait fait le ciel et la terre. Avec tant de puissance, comment n’a-t-il pu faire ce que Moïse avait exécuté, et par quelle raison n’a-t-il pas opéré le salut de sa patrie, et changé les mauvaises dispositions de ses concitoyens ?

Nous reviendrons dans la suite ci cette question, lorsque nous examinerons les prodiges et les mensonges dont les Évangiles sont remplis. Maintenant je vous demande quel est le plus avantageux, de jouir perpétuellement de la liberté, de commander à la plus grande partie de l’univers, ou d’être esclave et soumis à une puissance étrangère ? Personne n’est assez insensé pour choisir ce dernier parti : car, quel est l’homme assez stupide pour aimer mieux être vaincu que de vaincre à la guerre ? Ce que je dis étant évident, montrez-moi chez les Juifs quelque héros qui soit comparable à Alexandre et à César. Je sais que j’outrage ces grands hommes de les comparer à des Juifs ; mais je les ai nommés parce qu’ils sont très-illustres. D’ailleurs je n’ignore pas qu’il y a des généraux qui, leur étant bien inférieurs, sont encore supérieurs aux Juifs les plus célèbres, et un seul de ces hommes est préférable à tous ceux que la nation des Hébreux a produits.

Passons de la guerre à la politique : nous verrons que les lois civiles, la forme des jugements, l’administration des villes, les sciences et les arts, n’eurent rien que de misérable et de barbare chez les Hébreux[1] quoique Eusèbe veuille qu’ils aient connu la


    dant près de deux siècles, aucun Romain n’en eut connaissance. Et après cela, des Abbadie, des Houteville, auront l’impudence de nous dire que les Évangiles ont été authentiques ! Fourbes insensés, montrez-moi un seul historien romain qui ait connu le mot d’évangile ! (Note de Voltaire.)

  1. Les Juifs furent toujours plongés dans la plus crasse ignorance jusqu’au ixe siècle de notre ère vulgaire, où ils apprirent quelque chose dans les écoles des Arabes.

    Les mots même de géométrie, d’astronomie, ne se trouvent dans aucun de leurs livres antérieurs à cette époque. Ils avaient de la musique, mais à la manière des sauvages, sans clef, sans mode. L’art de noter les tons leur était inconnu. Ils apprenaient par routine des chants qu’ils ont conservés jusqu’à nos jours. Quiconque les a entendus dans leurs synagogues a cru entendre chanter les diables. Leurs hurlements, qu’ils appellent musique, sont si insupportables aux oreilles les moins délicates qu’on appelle communément sabbat un bruit discordant et désagréable. Quand des clameurs confuses se font entendre, on dit : Quel sabbat ! À l’égard d’écoles de médecine, ils n’en eurent jamais. Il aurait fallu connaître l’anatomie, et ce nom fut autant ignoré d’eux que les termes de géométrie, d’astronomie, de physique, et même de chirurgie. Il y eut chez eux des charlatans, mais jamais des médecins qui eussent étudié le corps humain et la matière médicale. La chirurgie consistait à panser les blessures avec du vin et de