Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/485

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE 31. DE VOLTAIRE. 475

Il avait beau crier: « ]\[essieiirs, que c'est mauvais! Cette voix est cassée, elle devrait se taire;

Ah! croyez-moi... » L'on n'en voulut rien faire. Il ne persuada que quelques sots, des geais. Le rossignol, toujours en paix, Ne s'avisa de lui répondre. Répondre aux sots! finii-ait- on jamais? Méprisant le stupide, et pour le mieux confondre. Il formait avec soin des chants toujours nouveaux, Toujours plus beaux; Et les autres oiseaux Disaient au geai, bouffi de rage : « Au rossignol tu crois être fatal. Détrompe-toi, vain animal; Ta censure pour lui peut-elle être un outrage? S'il te plaisait, c'est qu'il chanterait mal. »

a Monsieur, si vous avez la bonté de me permettre de rendre ces vers publics, après y avoir ajouté, retranché, corrigé ce que bon vous semblera, je les enverrai dans quelque ouvrage pério- dique, ou dans quel recueil que vous aurez la complaisance de m'indiquer.

« Je suis avec tout le respect possible, etc. »

Vous voyez, monsieur, que ce Clément, qui me traitait impu- demment de rossignol, est devenu geai ; mais il ne s'est point paré des plumes du paon. II s'est contenté debecqueter^ MM. de Saint-Lambert, Delillc, Watelct, Marmontel, etc., etc.

Je voudrais voir cette épître dans laquelle il nous apprend à tous notre devoir; j'en profiterais. Je n'ai que soixante et dix- huit ans; les jeunes gens coiumc moi peuvent toujours se corri- ger, et nous devons une grande reconnaissance à ceux qui nous avertissent publiquement, et avec charité, de nos défauts. J'ai dit autrefois - :

L'envie est un mal nécessaire : C'est un petit coup d'aiguillon Qui nous force encore à mieux faire.

Il fallait dire : l'envie est un bien nécessaire, si pourtant ces messieurs ne connaissent d'autre envie que celle de perfection-

1. Dans des Observations critiques sur les nouvelles traductions en vers français des Géorgiques de Virgile, et sur les poèmes des Saisons, de la Déclama- tion, et de la Peinture; 1771, petit in-8".

'2. Voyez, tome X, VÉpttre au président Hénault, 1748.

�� �