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CICÉRON.


jamais cet enthousiasme est appuyé des dogmes de Platon, qui commencent à prévaloir dans Alexandrie, ils pourront à la fin détruire la religion de l’empire ; mais aussi une telle révolution ne pourrait s’opérer sans beaucoup de sang répandu ; et si jamais on commençait des guerres de religion, je crois qu’elles dureraient des siècles : tant les hommes sont superstitieux, fous, et méchants.

Il y aura toujours sur la terre un très-grand nombre de sectes. Ce qui est à souhaiter, c’est qu’aucune ne se fasse jamais un barbare devoir de persécuter les autres. Nous ne sommes point tombés jusqu’à présent dans cet excès. Nous n’avons voulu contraindre ni Égyptiens, ni Syriens, ni Phrygiens, ni Juifs. Prions le grand Demiourgos (si pourtant on peut éviter sa destinée), prions-le que la manie de persécuter les hommes ne se répande jamais sur la terre ; elle deviendrait un séjour plus affreux que les poètes ne nous ont peint le Tartare. Nous gémissons sous assez de fléaux, sans y joindre encore cette peste nouvelle.


FIN DES LETTRES DE MEMMIUS A CICÉRON.