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A CICÉRON. 459

��XVI. — Des facilites des animnux.

Les animaux ont les mômes facultés que nous. Organisés comme nous, ils reçoivent comme nous la vie, ils la donnent de même. Ils commencent comme nous le mouvement, et le com- muniquent. Ils ont des sens et des sensations, des idées, de la mémoire. Quel est l'homme assez fou pour penser que le prin- cipe de toutes ces choses est un principe inétendu? Nul mortel n'a jamais osé proférer cette absurdité. Pourquoi donc serions- nous assez insensés pour imaginer cet esprit en faveur de l'homme ?

Les animaux n'ont que des facultés, et nous n'avons que des facultés.

Ce serait, en vérité, une chose Lien comique que quand un lézard avale une mouche, et quand un crocodile avale un homme, chacun d'eux avalât une àmc.

Que serait donc l'àme de cette mouche? Un être immortel descendu du plus haut des cieux pour entrer dans ce corps, une portion détachée de la Divinité? Ne vaut-il pas mieux la croire une simple faculté de cet animal, à lui donnée avec la vie? Et si cet insecte a reçu ce don, nous en dirons autant du singe et de l'éléphant, nous en dirons autant de l'homme, et nous ne lui ferons point de tort.

J'ai lu, dans un philosophe S que l'homme le plus grossier est au-dessus du plus ingénieux animal. Je n'en conviens point. On achèterait beaucoup plus cher un éléphant qu'une foule d'imbéciles ; mais quand même cela serait, qu'en pourrait-on conclure? Que l'homme a reçu plus de talents du grand Être, et rien de plus.

XVII. — De l'immortalité.

Que le grand Être veuille persévérer à nous continuer les mêmes dons après notre mort ; qu'il puisse attacher la faculté

sivement, qu'il peut en résulter pour moi un autre ordre d'idées et de sensations, sans que l'identité du sentiment du moi en soit détruite.

Le moi subsiste dans les animaux comme dans l'homme, et pour chacun l'exis- tence, la permanence de son moi est la seule vérité de fait sur laquelle il puisse avoir de la certitude. (K.)

— Les deux ouvrages auxquels les éditeurs de Kehl renvoient, et qu'ils avaient placés immédiatement avant les Lettres de Memmius, sont le Tout en Dieu, qu'on a vu ci-dessus, page 91, et De l'Ame, qu'on verra ci-après.

1. Buffon.

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