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424 L'ÉQUIVOQUE.

le parlement de Paris, resserré désormais dans des bornes plus étroites, et plus convenables à l'étendue du royaume. Que faites- vous? Puis-je le dire sans frémir? Vous rendez un arrêt contre ces magistrats, comme s'ils étaient vos justiciables. Vous les dé- clarez prévaricateurs, ravisseurs, ennemis de l'État. Cependant vous êtes Français. Ce ne sont pas des aldermen de Londres qui vous ont inspirés. Vous aimez la patrie, mais la servez-vous ? En auriez-vous agi ainsi lorsque Louis XIV gouvernait? Jugez vous- mêmes vos arrêts. Que feriez- vous si vous étiez sur le trône, et si un tribunal érigé par vous calomniait vos bienfaits, outrageait si violemment les premiers magistrats du royaume, foulait aux pieds vos édits, avilissait la majesté royale, et semblait ériger cent trônes démocratiques sur les débris d'un trône qui subsiste depuis près de quatorze cents années; que feriez-vous?

Nous n'en sommes pas à cette dernière extrémité. Vous sem- blez craindre la tyrannie, qui pourrait prendre un jour la place d'un pouvoir modéré; mais craignons encore plus l'anarchie, qui n'est qu'une tyrannie tumultueuse.

Jugez, et prononcez : Erudimini qui judicatis terram, et nimc, reges, intelligite^,

I. Psaume ii, v. 10.

��FIX DE l'ÉQUIVOQL'E.

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