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DE L’EMPEREUR JULIEN.

les Grecs une quantité considérable depuis Chiron, parmi lesquels il y a eu des hommes éclairés, qui ont perfectionné les arts et interprété les choses divines. Les Hébreux se vantent ridiculement d’avoir tous ces grands hommes dans un seul. Mais David et Samson méritent plutôt le mépris que l’estime des gens éclairés. Ils ont d’ailleurs été si médiocres dans l’art de la guerre, et si peu comparables aux Grecs, qu’ils n’ont pu étendre leur domination au delà des bornes d’un très-petit pays.

Dieu a donné à d’autres nations qu’à celle des Hébreux la connaissance des sciences et de la philosophie. L’astronomie, ayant pris naissance chez les Babyloniens, a été perfectionnée par les Grecs ; la géométrie, inventée par les Égyptiens pour faciliter la juste division des terres, a été poussée au point où elle est aujourd’hui par ces mêmes Grecs. Ils ont encore réduit en art et fait une science utile des nombres, dont la connaissance avait commencé chez les Phéniciens. Les Grecs se servirent ensuite de la géométrie, de l’astronomie, de la connaissance des nombres, pour former un troisième art. Après avoir joint l’astronomie à la géométrie, et la propriété des nombres à ces deux sciences, ils y unirent la modulation, formèrent leur musique, la rendirent mélodieuse, harmonieuse, capable de flatter l’oreille par les accords et par la juste proportion des sons.

Continuerai-je de parler des différentes sciences qui ont fleuri dans toutes les nations, ou bien ferai-je mention des hommes qui s’y sont distingués par leurs lumières et par leur probité ? Platon, Socrate, Aristide, Cimon, Thalès, Lycurgue, Agésilas, Archidamus ; enfin, pour le dire en un mot, les Grecs ont eu un peuple de philosophes, de grands capitaines, de législateurs, d’habiles artistes ; et même les généraux d’armée qui parmi eux ont été regardés comme les plus cruels et les plus scélérats ont agi, envers ceux qui les avaient offensés, avec beaucoup plus de douceur et de clémence que Moïse à l’égard de ceux de qui il n’avait reçu aucune offense.

De quel règne glorieux et utile aux hommes vous parlerai-je ? Sera-ce de celui de Persée, d’Éaque, ou de Minos, roi de Crète ? Ce dernier purgea la mer des pirates, après avoir mis les barbares en fuite, depuis la Syrie jusqu’en Sicile. Il établit sa domination


    point des noms chaldéens. Hermès était l’ancien Thaut, que Sanchoniathon dit avoir vécu huit cents ans avant lui, et dont il cite les ouvrages. Or Sanchoniathon était contemporain de Moïse tout au moins, s’il n’était pas plus ancien. Nous n’avons aucun fragment de l’antiquité qui parle des livres de Bel, qu’on a nommé Bélus. Pour Annus, il est absolument inconnu. (Note de Voltaire.)