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NICOLAS CHARISTESKI. 411

trueuse avec la Porte des Turcs? C'est crexterminer les chrétiens, leurs frères, qui diffèrent d'eux sur quelques dogmes, sur quel- ques usages, et qui ne sont pas comme eux les esclaves d'un évoque italien.

Ils appellent la religion de cet Italien, catholique et aposto- lique, oubliant que nous avons eu le nom de catholique longtemps avant eux; que le mot de catholique est un terme de notre langue S ainsi que tous les termes consacrés au christianisme, que nous leur avons enseigné ; que tous leurs évangiles sont grecs ; que tous les Pères de l'Église des quatre premiers siècles ont été grecs; que les apôtres qui ont écrit n'ont écrit qu'en grec ; et qu'enfin la religion romaine, si décriée dans la moitié de l'Europe, n'est (si notre esprit de douceur nous permet de le dire) qu'une bâtarde révoltée depuis longtemps contre sa mère.

Ils nous appellent des dissidents : à la bonne heure ; nous dissiderons, nous différerons d'eux, tant qu'il s'agira de sucer le sang des peuples, d'oser se croire supérieur aux rois, de vouloir soumettre les couronnes à une triple mitre, d'excommunier les souverains, de mettre les États en interdit, et de prétendre dis- poser de tous les royaumes de la terre.

Ces épouvantables extravagances n'ont jamais été reprochées, grâce au ciel, ù la vraie Église, à l'Église grecque. Nous avons eu nos sottises, nos impertinences comme les autres, mes chers frères, mais jamais de telles horreurs.

Dieu nous a donné un roi légitimement élu, un roi sage, un roi juste 2, à qui on ne peut reprocher la moindre prévarication depuis qu'il est sur le trùne. Les confédérés ou conjurés le persé- cutent ; ils lui veulent ravir la couronne, et peut-être la vie, parce qu'ils le soupçonnent de quelque condescendance pour notre paroisse de Sainte-Toléi-anski.

L'auguste impératrice de Russie Catherine II, l'héroïne (k^ nos jours, la protectrice de la sainte Église cathoHque grecque, fermement convaincue que le Saint-Esprit procède du Père et non pas du Fils, et que le Fils n'a pas la paternité, a jeté sur nous des regards de compassion. C'en est assez pour que les Sarmates de l'Église latine se déclarent contre Catherine II,

Ils publient, dans leur manifeste du k juillet 1760 (page 2ki), « qu'ils opposent aux Russes le courage et la vertu ; que les Russes ne se sont jamais rendus dignes de la gloire militaire;

��1. Voyez la note, tome XVI, patio WG.

2. Sianislas-Auguste; voyez la note ô, tome XXI, page 405.

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