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368 TRADUCTION DU POEME DE PLOKOF.

battues^ ; mais elles s'exercent par leurs défaites. Un vizir montre aux janissaires l'exercice prussien. Les Turcs, revenus de leur étonnement, peuvent se rendre formidables. Ceux qui ont été vaincus dans la Dacie peuvent un jour assiéger Vienne une se- conde fois-. Le temps de détruire les Turcs est venu. Si vous ne saisissez pas ce temps, si vous laissez discipliner une nation si terrible, autrefois sans discipline, elle vous détruira peut-être. Mais où sont ceux qui savent prévoir et prévenir?

XL

Les politiques diront : « Nous voulons voir de quel côté pen- chera la balance; nous voulons l'équilibre : l'argent, ce principe- de toutes choses, nous manque. Nous l'avons prodigué dans des guerres inutiles qui ont épuisé plusieurs nations, et qui n'ont produit des avantages réels à aucune. » Vous n'avez point d'ar- gent, pauvres princes! Les Turcs en avaient moins que vous quand ils prirent Constantinople, Prenez du fer, et marchez.

XIL

Ainsi parlait, dans la Chersonèse Cimbrique, un citoyen qui aimait les grandes choses. Il détestait les Turcs, ennemis de tous les arts; il déplorait le destin de la Grèce; il gémissait sur la Po- logne, qui déchirait ses entrailles de ses mains au lieu de se réunir sous le plus sage et le plus éclairé des rois. Il chantait en vers germaniques; mais les Grecs n'en surent rien, et les confé- dérés polonais ne l'écoutôrent pas.

��1. Au commencement de 1770, les armées ottomanes avaient remporté quel- ques avantages ; mais elles furent ensuite battues.

2. Ce serait une troisième fois. Avant le siège de 1G83, Vienne avait essuyé celui de 1529.

��FIN DE LA TRADUCTION DU POEME DE PLOKOF.

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