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DE L’EMPEREUR JULIEN.

dont le sommet aille jusqu’au ciel, et acquérons-nous de la réputation avant que nous soyons dispersés sur la surface de la terre. Et le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les fils des hommes avaient bâties : et le Seigneur dit : Voici, ce n’est qu’un même peuple, ils ont un même langage, et ils commencent à travailler, et maintenant rien ne les empêchera d’exécuter ce qu’ils ont projeté. Or çà, descendons et confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent pas le langage l’un de l’autre. Ainsi le Seigneur les dispersa de là par toute la terre, et ils cessèrent de bâtir leur ville. » Voilà les contes fabuleux auxquels vous voulez que nous ajoutions foi ; et vous refusez de croire ce que dit Homère des Aloïdes, qui mirent trois montagnes l’une sur l’autre pour se faire un chemin jusqu’au ciel. Je sais que l’une et l’autre de ces histoires sont également fabuleuses ; mais puisque vous admettez la vérité de la première, pourquoi refusez-vous de croire à la seconde ? Ces contes sont également ridicules : je pense qu’on ne doit pas ajouter plus de foi aux uns qu’aux autres ; je crois même que ces fables ne doivent pas être proposées comme des vérités à des hommes ignorants. Comment peut-on espérer de leur persuader que tous les hommes habitant dans une contrée, et se servant de la même langue, n’aient pas senti l’impossibilité de trouver, dans ce qu’ils ôteraient de la terre, assez de matériaux pour élever un bâtiment qui allât jusqu’au ciel ? Il faudrait employer tout ce que les différents côtés de la terre contiennent de solide pour pouvoir parvenir jusqu’à l’orbe de la lune. D’ailleurs quelle étendue les fondements et les premiers étages d’un semblable édifice ne demanderaient-ils pas ? Mais supposons que tous les hommes de l’univers, se réunissant ensemble et parlant la même langue, eussent voulu épuiser la terre de tous les côtés, et en employer toute la matière pour élever un bâtiment ; quand est-ce que ces hommes auraient pu parvenir au ciel, quand même l’ouvrage qu’ils entreprenaient eût été de la construction la plus simple ? Comment donc pouvez-vous débiter et croire une fable aussi puérile ? et comment pouvez-vous vous attribuer la connaissance de Dieu, vous qui dites qu’il fit naître la confusion des langues parce qu’il craignit les hommes ? Peut-on avoir une idée plus absurde de la Divinité ?

Mais arrêtons-nous encore quelque temps sur ce que Moïse dit de la confusion des langues. Il l’attribue à ce que Dieu craignit que les hommes, parlant un même langage, ne vinssent l’attaquer jusque dans le ciel. Il en descendit donc apparemment pour venir sur la terre : car où pouvait-il descendre ailleurs ?