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DE LA COUR DE LOUIS XIV.

les exhortait à avoir la même conduite après sa mort, et qu'il avait donné de bons ordres pour les soutenir. Il ajouta que Dieu connaissait ses bonnes intentions et les désirs ardents qu'il avait d'établir la paix dans l'Église de France ; qu'il s'était flatté de la procurer, cette paix si désirée ; mais que Dieu ne voulait pas qu'il eût cette satisfaction ; que peut-être cette grande affaire finirait plus promptement et plus heureusement dans d'autres mains que dans les siennes ; que, quelque droite qu'ait été sa conduite, on aurait cru qu'il n'eût agi que par prévention, et qu'il aurait porté son autorité trop loin ; et enfin, après avoir encore fortement exhorté ces deux cardinaux à soutenir la vérité avec la même ferveur qu'ils avaient fait paraître jusqu'à présent, il leur déclara qu'il voulait mourir comme il avait vécu, dans la religion catholique, apostolique, et romaine ; et qu'il aimerait mieux perdre mille vies que d'avoir d'autres sentiments. Ce discours dura longtemps ; et le roi le fit dans des termes si nobles et si touchants, et avec tant de force (quoiqu'il fût déjà très-mal), qu'il était aisé de connaître qu'il était pénétré de ce qu'il disait.

Il recommanda à Monsieur le Duc et à M. le prince de Conti de contribuer à l'union qu'il désirait qui fût entre les princes, et de ne point suivre l'exemple de leurs ancêtres sur la guerre[1].

Il parla à M. le duc du Maine et à M. le comte de Toulouse[2].

Il recommanda les finances à M. Desmarêts, et les affaires étrangères à M. de Torcy [3].

    croire. Il aurait vu que jamais, à la cour, un religieux ne fit que du mal. L'ignorance et la faiblesse ternirent, dans ses dernières années, cinquante ans de gloire et de prospérités.

  1. Vous voulez dire apparemment qu'il leur recommanda de ne jamais faire la guerre civile ; mais ils ne pouvaient certainement mieux faire que d'imiter les belles actions de leurs aïeux.
  2. Il fallait au moins nous instruire de ce qu'il leur dit.
  3. Voilà une gazette de cour pleine d'anecdotes admirables.

    FIN DE L'EXTRAIT D'UN JOURNAL DE LA COUR DE LOUIS XIV.