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EXTRAIT D'UN JOURNAL

mez pour sa gloire [1]. Il ne me reste qu'à vous assurer de ma tendresse, de mon amitié, et du plaisir que j'ai de voir que tous les jours vous vous en rendez digne. »


LETTRE DU ROI A M. DE VENDOME.


(2 juin 1702.) « Mon cousin, j'ai appris par votre lettre, et par ce que m'a dit le comte de Colnenero, les mouvements que vous vous donnez pour entrer en campagne ; je ne m'en donne pas moins de mon côté pour vous aller joindre au plus tôt ; et si des affaires très-essentielles que j'ai ici ne me retenaient, jointes à l'arrivée du légat, que j'attends, je serais déjà parti, car j'appréhende que vous ne battiez les ennemis avant que je sois arrivé. Je vous permets pourtant de secourir Mantoue ; mais demeurez-en là, et attendez-moi pour le reste. Rien ne peut mieux vous marquer la bonne opinion que j'ai de vous que de craindre que vous n'en fassiez trop pendant mon absence. Je compte de me rendre à Ferrol à la fin du mois. Assurez tous les officiers français de ma part de la joie que j'aurai de me trouver à leur tête, et soyez bien persuadé, mon cousin, de la véritable estime que j'ai pour vous [2]. »


RÉPONSE DU ROI DE SUÈDE.
A L'ENVOYÉ DE L'ÉLECTEUR DE BRANDEBOURG.


[3] « Je sais que votre maître n'attendait que le succès de la ligue entre le roi de Danemark, le Moscovite, et la Pologne, pour se déclarer contre moi. J'ai châtié le roi de Danemark jusque dans Copenhague, et lui ai pardonné en bon voisin ; j'ai dompté le Moscovite, et l'obligerai bien à rester en paix ; j'ai chassé le roi de Pologne de sa capitale. J'irai à votre maître le dernier, pour lui montrer le cas qu'il fallait faire de mon amitié, et qu'il devait la mériter avant de l'obtenir. Retirez-vous. »

(Août 1704.) Le roi soutint la perte de la bataille d'Hochstedt avec toute la constance et la fermeté imaginables ; on ne saurait marquer plus de résignation à la volonté de Dieu, et plus de force d'esprit ; mais il ne put comprendre que vingt-six bataillons français se fussent rendus prisonniers de guerre [4].

  1. On ne voit pas comment il était plus glorieux à Dieu de voir le duc d'Anjou en Espagne que l'archiduc ; mais il est sûr que cela était plus glorieux pour Louis XIV.
  2. Le duc de Vendôme, à qui Philippe V dut sa couronne, méritait quelque chose de mieux.
  3. Cette lettre était de Grimarest ; la fausseté fut bientôt reconnue.
  4. Cela était aisé à comprendre, puisqu'ils étaient dans un