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AVERTISSEMENT.

P.-E. Lemontey a donné de Nouveaux Mémoires de Dangeau en tête de son Essai sur l’établissement monarchique de Louis XIV ; 1818, in-8°.

La copie manuscrite des Mémoires de Dangeau (de 1684 à 1720), qui était dans la bibliothèque de Mme  de Pompadour, formait cinquante-huit volumes in-4°. L’exemplaire que possédait feu Daru était en dix-huit volumes in-folio, mais ne venait que jusqu’en 1718. Il existe un certain nombre d’autres copies de ces Mémoires, que Voltaire disait être l’ouvrage d’un vieux valet de chambre imbécile ; voyez sa Dissertation sur la mort de Henri IV (tome VIII de la présente édition).

B.


AVERTISSEMENT
pour la présente édition

Le Journal du marquis de Dangeau a été publié en entier pour la première fois par MM.  Soulié, Dussieux, de Chennevières, Mantz, de Montaiglon ; avec les additions du duc de Saint-Simon publiées par M. Feuillet de Conches, à la librairie Firmin Didot. Paris, 1834 et sqq. 19 vol. in-8°.

« Le Journal de Dangeau, dit un des éditeurs (M. L. Dussieux), est une œuvre considérable et de la plus grande importance ; il commence en 1684 et finit en 1720. Pendant ces trente-six années, Dangeau a inscrit jour par jour tout ce qui s’est fait à la cour et dans la famille royale. Tous les esprits sérieux sont d’accord aujourd’hui sur l’intérêt de ce journal, rempli des faits les plus curieux et de documents que l’on ne trouve que là. La minutie et la répétition des détails forment le tableau le plus complet, le plus naïf et le plus exact de la cour, de la vie du roi et des membres de sa famille. En le lisant, on vit dans l’intimité de Louis XIV, que Dangeau a si bien connu et qu’il nous fait si bien apprécier, comme homme, comme père et comme ami. C’est tout un côté du caractère de Louis XIV, que Saint-Simon ignore absolument. Le Journal de Dangeau est la contre-partie nécessaire de Saint-Simon, qui a faussé l’histoire de toute cette grande époque, qu’il méprisait à un degré incroyable, et qu’il appelle « ce long règne de vile bourgeoisie ». Dangeau rapporte simplement ce qu’on a dit, ce qu’on a fait, ce qu’il a vu ; et pour cela il était bien placé ».

Si l’on veut avoir le dernier mot de la critique sur le Journal de Dangeau, il faut lire les articles de Sainte-Beuve dans le tome onzième des Causeries du lundi. Bornons-nous à en reproduire ces quelques lignes : « Journal de valet de chambre, dit Voltaire, journal d’huissier ; tant que l’on voudra ! Il y avait mieux, il y avait de l’exactitude du physicien, du statisticien qui prend note chaque jour de certaines variations du temps et de ce qui se passe dans l’atmosphère. Dangeau n’a pas la curiosité remuante comme Saint-Simon et ceux qui veulent tout pénétrer ; il s’en tient à la face des choses, à l’écorce ;