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SECTE JUIVE.

chapitres vii, viii et ix de son Examen important, écrit en 1736. Peut-être son récit est-il un peu violent, mais on doit convenir qu’il est véritable[1].


CHAPITRE XIX.
De la religion juive au retour de la captivité de Babylone.


Plusieurs savants, après avoir conféré tous les textes de la Bible, ont cru que les Juifs n’eurent une théologie bien constatée que du temps de Néhémie, après la captivité de Babylone. Il ne restait que deux tribus et demie de toute la race juive ; leurs livres étaient perdus ; le Pentateuque même avait été très-longtemps inconnu. Il n’avait été trouvé que sous le roi Josias, trente-six ans avant la ruine de Jérusalem et la captivité.

Le quatrième livre des Rois[2] dit qu’un grand prêtre, nommé Helcias, trouva ce livre en comptant de l’argent : il le donna à son secrétaire Saphan, qui le porta de sa part au roi ; le grand prêtre Helcias pouvait bien prendre la peine de le porter lui-même. Il s’agissait de la loi de la nation, d’une loi écrite par Dieu même. On n’envoie pas un tel livre à un souverain par un commis avec un compte de recette et de dépense. Les savants ont fort soupçonné ce prêtre Helcias, ou Helciah, ou Helkia, d’avoir lui-même compilé le livre. Il peut y avoir fait quelques additions, quelques corrections, quoiqu’un livre divin ne doive jamais être corrigé ni amplifié. Mais le grand Newton pense que le livre avait été écrit par Samuel, et il en donne des preuves assez spécieuses. Nous verrons, dans la suite de cet ouvrage, sur quoi les savants se sont fondés en assurant que le Pentateuque ne pouvait avoir été écrit par Moïse.

Quoi qu’il en soit, presque tous les hommes versés dans la connaissance de l’antiquité conviennent que ce livre n’a été public chez les Juifs que depuis Esdras, et que la religion juive n’a reçu une forme constante que depuis ce temps-là. Ils disent que le mot seul d’Israël suffit pour convaincre que les Juifs n’écrivirent plusieurs de leurs livres que pendant leur captivité en Chaldée, ou

  1. Dans la première édition de Dieu et les Hommes, l’auteur transcrivait ici les chapitres vii, viii et ix de l’Examen important de milord Bolingbroke. Voyez tome XXVI, pages 211-220.
  2. Rois, liv. IV, chap. xxii, v. 8 ; et IIe Paralip., chap. xxxiv, v. 14. (Note de Voltaire.)