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DE LA PAIX

dites-vous, des habitants d’un village juif ; ils n’étaient donc pas citoyens romains : ils ne pouvaient être compris dans le cens.

LE CHRÉTIEN.

Notre Dieu n’avait point de père juif. Sa mère était vierge. Ce fut Dieu même qui l’engrossa par l’opération d’un esprit, qui était Dieu aussi, sans que la mère cessât d’être pucelle. Et cela est si vrai que trois rois ou trois philosophes vinrent d’Orient pour l’adorer dans l’étable où il naquit, conduits par une étoile nouvelle qui voyagea avec eux.

LE SÉNATEUR.

Vous voyez bien, mon pauvre homme, qu’on s’est moqué de vous. S’il avait paru alors une étoile nouvelle, nous l’aurions vue ; toute la terre en aurait parlé ; tous les astronomes auraient calculé ce phénomène.

LE CHRÉTIEN.

Cela est pourtant dans nos livres sacrés.

LE SÉNATEUR.

Montrez-moi vos livres.

LE CHRÉTIEN.

Nous ne les montrons point aux profanes, aux impies ; vous êtes un profane et un impie, puisque vous n’êtes point de notre secte. Nous avons très-peu de livres. Ils restent entre les mains de nos maîtres. Il faut être initié pour les lire. Je les ai lus, et si Sa Majesté impériale le permet, je vais vous en rendre compte en sa présence : elle verra que notre secte est la raison même.

LE SÉNATEUR.

Parlez, l’empereur vous l’ordonne, et je veux bien oublier qu’en digne chrétien que vous êtes vous m’avez appelé impie.

LE CHRÉTIEN.

Oh ! seigneur, impie n’est pas une injure : cela peut signifier un homme de bien qui a le malheur de n’être pas de notre avis. Mais, pour obéir à l’empereur, je vais dire tout ce que je sais.

Premièrement, notre Dieu naquit d’une femme pucelle, qui descendait de quatre prostituées : Bethsabée, qui se prostitua à David ; Thamar, qui se prostitua à Juda le patriarche ; Ruth, qui se prostitua au vieux Booz ; et la fille de joie Rahab, qui se prostituait à tout le monde : le tout pour faire voir que les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes.

Secondement, vous devez savoir que notre Dieu mourut par le dernier supplice, puisque c’est vous qui l’avez fait mettre en croix comme un esclave et un voleur : car les Juifs n’avaient pas alors le droit du glaive ; c’était Pontius Pilatus qui gouvernait