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DES THÉISTES. 57

plades voisines de Tyr, dont il ne pouvait entendre le langage, qui n'avaient rien de commun avec lui, et sur lesquelles il n'avait pas plus de droit que sur l'Allemagne. Ils ont écrit cette horreur: donc ils ont écrit des livres absurdes et impies.

Dans ces livres remplis à chaque page de fables contradic- toires, dans ces livres écrits plus de sept cents ans après la date qu'on leur donne, dans ces livres plus méprisables que les contes aral)es et persans, il est rapporté que le Dieu de l'univers descen- dit dans un buisson pour dire à un pâtre âgé de quatre-vingts ans: (( Otez vos souliers...; que chaque femme de votre horde demande à sa voisine, à son hôtesse, des vases d'or et d'argent, des robes, et vous volerez les Égyptiens ^ »

« Et je vous prendrai pour mon peuple, et je serai votre Dieu -. »

« Et j'endurcirai le cœur du pharaon, du roi'^. »

(c Si vous observez mon pacte, vous serez mon peuple particu- lier sur tous les autres peuples \ »

Josué parle ainsi expressément à la horde hébraïque : « S'il vous paraît mal de servir Adonaï, l'option vous est donnée; choi- sissez aujourd'hui ce qu'il vous plaira ; voyez qui vous devez ser- vir, ou les dieux que vos pères ont adorés dans la Mésopotamie, ou bien les dieux des Amorrhéens, chez qui vous habitez ^ »

Il est bien évident par ces passages, et par tous ceux qui les précèdent, que les Hébreux reconnaissaient plusieurs dieux, que chaque peuplade avait le sien ; que chaque dieu était un dieu local, un dieu particulier.

Il est même dit dans Ézéchiel, dans Amos, dans le Discours de saint Etienne, que les Hébreux n'adorèrent point le dieu Adonaï dans le désert, mais Remphan et Kium ^

Le même Josué continue, et leur dit : « Adonaï est fort et jaloux. »

N'est-il donc pas prouvé par tous ces témoignages que les Hébreux reconnurent dans leur Adonaï une espèce de roi visible

��i. Exode, m, 5, 22. {Note de Voltaire.)

2. Ibid., VI, 7. {Id.}

3. Ibid., VII, 3. (Id.)

4. Ibid., XIX, 5. (Id.)

5. Josué, xxiv, 1.5. (/(/.)

G. Le discours de saint Etienne est dtins les Actes des apôtres, vu, 43 ; il y est question de Remphan. On ne parle que de Moloch dans Amos, v, 2G. et dans Jérémie, xxxii, 35. On ne trouve rien dans Ézéchiel; ce n'est, au reste, qu'une faute de copiste. Voltaire, dans son Pyrrlionisme de Vliistoire, chap. iv, dit Jéré- mie. (B.)

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