Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

36 PROFESSION DE FOI

verselle, qui a dit au Cliiuois, à l'Indien, au Tartare, et à nous : Adore-moi, et sois juste,

-Aotre religion est aussi ancienne que le monde, puisque les premiers hommes n'en pouvaient avoir d'autre, soit que ces premiers hommes se soient appelés Adimo et Procriti dans une partie de l'Inde, et Brama dans l'autre, ou Prométhée et Pandore chez les Grecs, ou Osireth et Iseth chez les Égyptiens, ou qu'ils aient eu en Phénicie des noms que les Grecs ont traduits par celui d'Éon: soit qu'enfin on veuille admettre les noms d'Adam et d'Eve donnés à ces premières créatures dans la suite des temps par le petit peuple juif. Toutes les nations s'accordent en ce point qu'elles ont anciennement reconnu un seul Dieu, auquel elles ont rendu un culte simple et sans mélange, qui ne put être infecté d'ahord de dogmes superstitieux.

Notre religion, ô grand homme ! est donc la seule qui soit universelle, comme elle est la plus antique et la seule divine. Nations égarées dans le labyrinthe de mille sectes dilTérentes, le théisme est la base de vos édifices fantastiques ; c'est sur notre vérité que vous avez fondé vos absurdités. Enfants ingrats, nous sommes vos pères, et vous nous reconnaissez tous pour vos pères quand vous prononcez le nom de Dieu.

Nous adorons depuis le commencement des choses la Divinité unique, éternelle, rémunératrice de la vertu et vengeresse du crime; jusque-là tous les hommes sont d'accord, tous répètent après nous cette confession de foi.

Le centre où tous les hommes se réunissent dans tous les temps et dans tous les lieux est donc la vérité, et les écarts de ce centre sont donc le mensonge.

OLE DIEU EST LE PÈRE DE TOCS LES HOMMES.

Si Dieu a fait les hommes, tous lui sont également chers, comme tous sont égaux devant lui ; il est donc absurde et impie de dire que le père commun a choisi un petit nombre de ses enfants pour exterminer les autres en son nom.

Or les auteurs des livres juifs ont poussé leur extravagante fureur jusqu'à oser dire que dans des temps très-récents par rap- port aux siècles antérieurs, le Dieu de l'univers choisit un petit peuple barbare, esclave chez les Égn^tiens, non pas pour le faire régner sur la fertile Egypte, non pas pour qu'il obtînt les terres de leurs injustes maîtres, mais pour qu'il allât, à deux cent cin- quante milles de Memphis, égorger, exterminer de petites peu-

�� �� �