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566 LE CRI DES NATIONS.

��DES A \ N A T E S 1 .

��Doù vient que la France, l'Espagne, l'Italie, payent encore des annates à Tévêquc de Rome? Les rois confèrent le bénéfice de l'épiscopat, l'Église confère le Saint-Esprit : ces deux dons n'ont certainement rien de commun. Les rois ont fondé le béné- fice qui consiste dans le revenu, ou bien ils sont aux droits des seigneurs qui l'ont fondé : la nomination est donc le privilège de la couronne. C'est donc par la grâce unique du roi, et non par celle d'un évêque étranger, qu'un évêque est évêque. Ce n'est point le pape qui lui donne le Saint-Esprit; il le reçoit de l'impo- sition de quelques autres évéques ses concitoyens. S'il paye au pape quelque argent pour la collation de son bénéfice, c'est dans le fond un délit contre l'État ; s'il paye cet argent pour recevoir le Saint-Esprit, c'est une simonie : il n'y a pas de milieu. On a voulu pallier ce marché, qui off'ense la religion et la patrie; on n'a jamais pu le justifier.

Il est autorisé, dit-on, par le concordat entre le roi Fran- çois P"" et le pape Léon X. Mais quoi! parce qu'ils avaient alors besoin l'un de l'autre, parce que des intérêts passagers les réu- nirent, faut-il que l'État en souffre éternellement ? Faut-il payer à jamais ce qu'on ne doit pas? Sera-t-on esclave au xviii* siècle parce qu'on fut imprudent au xvr?

��DES DISPE^SES.

��On paye chèrement à Rome la dispense pour épouser sa cçu- sine et sa nièce. Si ces mariages offensaient Dieu, quel pouvoir sur la terre aurait droit de les permettre? Si Dieu ne les réprouve pas, à quoi sert une dispense? S'il faut cette dispense, pourquoi un Champenois et un Picard doivent-ils la demander et la payer à un prêtre italien ? Ces Champenois et ces Picards n'ont-ils pas des tribunaux qui peuvent juger du contrat civil, et des curés qui administrent, en vertu du contrat civil, ce qui est du ressort du sacrement?

N'est-ce pas une servitude honteuse, contraire au droit des gens, à la dignité des couronnes, à la religion, à la nature, de payer un étranger pour se marier dans sa patrie?

On a poussé cette tyrannie absurde jusqu'à prétendre que le

t. Voyez aussi tome XVII, page 259; XXVI, 101.

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