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CINQUIÈME HOMÉLIE

PRONONCÉE A LONDRES DANS UNE ASSEMBLÉE PARTICULIÈRE, LE JOUR DE PAQUES ^

��Nous voici assemblés, mes frères, pour la plus auguste et la plus sainte cérémonie de l'année, pour la communion.

Qu'est-ce que la communion? C'est mettre en commun ses devoirs ; c'est se communiquer l'esprit fraternel qui doit animer les hommes. Nous faisons ici la commémoration d'une cène que fit avec ses disciples le Christ, que nous reconnaissons pour notre législateur. Il ordonna qu'on fît ces choses en mémoire de lui^; nous obéissons. Il est vrai que nous ne mangeons pas un agneau cuit avec des laitues, ainsi qu'il le mangea, selon les rites de la loi juive, qu'il observa depuis sa naissance jusqu'au dernier mo- ment de sa vie ; il est vrai que notre léger repas n'est plus une cène comme il l'était autrefois. Il est vrai que nous n'envoyons point chez un inconnu pour lui dire, comme dans saint Matthieu^ : « Le maître vous envoie dire : Je viens faire la Pâque chez vous avec mes disciples ; » nous nous assemblons le matin avec recueil- lement, nous mangeons le même pain consacré, nous buvons le même vin.

Mais à quoi nous servirait cette communauté de nourriture si nous n'avions une communauté de charité, de bienfaisance, de tolérance, de toutes les vertus sociales?

Je ne vous parlerai point ici de la manducation spirituelle,

1. Je n'ai pu me procurer la première édition de cette homélie; j'en donne le titre d'après les Mémoires secrets du l'"' mai 1769. Cette année, Pâques tombait le 26 mars. Je ne crois donc pas me tromper en disant qu'elle a été composée en avril, quoique, dans la Correspondance de Grimm, on en parle au mois de mars. Les quatre premières homélies sont de 1767. (B.) — Voyez tome XXVI, page 315.

2. Luc, xxit, 19.

3. Matth., \xvi, 18.

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