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croix. Néron dit : Vous avez très-bien jugé ; et, sur-le-champ, Pierre et Paul furent amenés en la présence de Néron. Paul fut décollé dans la voie d’Ostie ; mais Pierre étant venu vers sa croix, dit : Parce que mon Seigneur Jésus-Christ est descendu du ciel en terre, il a été élevé sur une croix droite ; mais moi que ma croix daigne appeler de la terre au ciel, ma tête doit être près de la terre, et mes pieds dirigés vers le ciel : donc, parce que je ne suis pas digne d’être en croix comme mon Seigneur, tournez ma croix, et crucifiez-moi la tête en bas ; mais eux tournèrent la croix, et attachèrent ses pieds en haut, et ses mains en bas. Or il s’assembla en ce lieu une multitude innombrable de peuple qui maudissaient César Néron, qui étaient si pleins de fureur qu’ils voulaient brûler Néron lui-même ; mais Pierre les empêchait, disant : Gardez-vous bien, mes petits enfants, gardez-vous bien de faire cela ; mais écoutez plutôt ce que je m’en vais vous dire : car il y a peu de jours qu’à la sollicitation des frères je m’éloignai d’ici, et mon Seigneur Jésus-Christ me rencontra en chemin à la porte de cette ville, et je l’adorai, et lui dis : Seigneur, où allez-vous ? Et il me dit : Suivez-moi, parce que je vais à Rome être crucifié une seconde fois ; et, pendant que je le suivais, je revins à Rome, et il me dit : Ne craignez point, parce que je suis avec vous, jusqu’à ce que je vous introduise dans la maison de mon père ; c’est pourquoi, mes petits enfants, gardez-vous bien d’empêcher mon voyage ; mes pieds marchent déjà dans la voie du ciel. Ne vous chagrinez point ; mais réjouissez-vous avec moi, parce que j’obtiens aujourd’hui le fruit de mes travaux ; et après qu’il eut dit ces paroles, il dit : Je vous rends grâces, bon pasteur, parce que les brebis que vous m’avez données ont compassion de moi. Je vous demande qu’elles participent avec moi à votre grâce. Je vous recommande les brebis que vous m’avez confiées, afin qu’elles ne sentent pas qu’elles sont sans moi, en vous ayant, et je vous prie qu’elles soient toujours protégées par votre secours, Seigneur Jésus-Christ, par qui j’ai pu gouverner ce troupeau ; et, disant cela, il rendit l’esprit. Aussitôt y apparurent de saints hommes que jamais personne n’avait vus auparavant, et qu’ils ne purent voir depuis : car ils disaient que c’était à cause d’eux qu’ils étaient arrivés de Jérusalem ; et de compagnie avec Marcel, homme illustre, qui avait cru, et qui, laissant Simon, avait suivi Pierre, ils enlevèrent son corps en cachette, et le mirent vers le Térébinthe auprès du canal où se donne le combat naval, dans le lieu qui s’appelle le Vatican. Or ces hommes qui dirent qu’ils étaient arrivés de Jérusalem dirent au peuple : Réjouissez-vous,