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Chrétiens, et les Gentils. Car les Juifs disaient : Nous sommes la race choisie, royale, des amis de Dieu, Abraham, Isaac, et Jacob, et de tous les prophètes avec lesquels Dieu a parlé, auxquels Dieu a montré ses secrets ; mais vous, Gentils, vous n’avez rien de grand dans votre race, si ce n’est dans les idoles, et, souillés par vos figures taillées, vous avez été exécrables. À ces choses, et autres semblables que disaient les Juifs, les Gentils répondaient, disant : Pour nous, aussitôt que nous avons entendu la vérité, nous avons abandonné nos erreurs, et nous l’avons suivie ; mais vous, qui avez vu les vertus de vos pères, les sectes, et les signes des prophètes, et avez reçu la loi, et avez passé la mer à pied sec, et avez vu vos ennemis abaissés, et une colonne vous a apparu dans le ciel pendant le jour, et du feu pendant la nuit, et la manne vous a été donnée du ciel, et les eaux ont coulé pour vous de la pierre ; et après toutes ces choses vous vous êtes fait l’idole d’un veau, et vous avez adoré une figure taillée ; mais nous, sans voir aucun signe, nous avons cru ce Seigneur que vous avez abandonné sans croire en lui. Comme ils disputaient sur ces choses, et autres semblables, l’apôtre Paul leur dit qu’ils ne devaient point avoir ces disputes entre eux, mais plutôt faire attention que le Seigneur avait accompli ses promesses, qu’il avait juré à Abraham notre père que, dans sa race, toutes les nations deviendraient son héritage, car il n’y a point d’acception de personnes auprès du Seigneur ; que quiconque aurait péché sous la loi serait jugé selon la loi, et que ceux qui auraient erré sans la loi périraient sans la loi : car il y a tant de sainteté dans les sens humains, que la nature loue les bonnes choses, et punit les mauvaises, tandis qu’elle punit jusqu’aux pensées qui s’accusent entre elles, ou récompense celles qui s’excusent.

Comme Paul disait ces choses et autres semblables, il arriva que les Juifs et les Gentils furent apaisés ; mais les princes des Juifs insistaient. Or Pierre dit à ceux qui le reprenaient de ce qu’il interdisait leurs synagogues : Mes frères, écoutez le Saint-Esprit, qui promit au patriarche David qu’il mettrait sur son siége du fruit de son ventre. C’est donc celui à qui le Père dit du haut des cieux : Vous êtes mon fils, je vous ai engendré aujourd’hui. C’est celui que les princes des prêtres ont crucifié par envie ; mais pour qu’il accomplît la rédemption nécessaire au siècle, il a permis qu’on lui fît souffrir toutes ces choses, afin que, de même que de la côte d’Adam fut formée Ève, de même, du côté du Christ mis en croix, fût formée l’Église qui n’eût ni tache, ni ride. Dieu a ouvert cette entrée à tous les fils d’Abraham, d’Isaac et de