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LETTRE II.


pilate salue tibère césar.


Je vous ai nettement déclaré dans ma dernière lettre que, par le complot du peuple, Jésus-Christ avait enfin subi un cruel supplice, comme malgré moi, et sans que j’aie osé m’y opposer. Aucun âge n’a certainement vu ni ne verra un homme si pieux et si sincère ; mais ce qu’il y a d’étonnant dans cet acharnement du peuple, et cet accord de tous les scribes et vieillards, c’est que leurs prophètes, ainsi que nos sibylles, ont prédit le crucifiement de cet interprète de la vérité, et les signes surnaturels qui ont paru, tandis qu’il était en croix, et qui ont fait craindre la ruine de l’univers, de l’aveu des philosophes. Ses disciples, loin de démentir leur maître par leurs œuvres, et la continence de leur vie, font au contraire beaucoup de bien en son nom. Si je n’avais pas craint la sédition du peuple qui était prête à éclater, peut-être ce gentilhomme vivrait encore parmi nous ; mais, suivant moins ma volonté que me laissant entraîner par la foi de votre grandeur, je n’ai pas résisté de toutes mes forces pour empêcher que le sang du juste, exempt de toute accusation, ne fût livré et répandu pour assouvir la cruelle méchanceté des hommes (comme les Écritures l’expliquent). Portez-vous bien. Le quatre des nones d’avril[1].



RELATION


DU GOUVERNEUR PILATE[2]


touchant jésus-christ notre seigneur
envoyée à l’empereur tibère, qui était à rome[3].


Lorsque notre Seigneur Jésus-Christ eut souffert la mort sous Ponce Pilate, gouverneur de la province de Palestine et de Phénicie, ces Actes furent composés à Jérusalem, sur ce que les Juifs firent contre le Seigneur ; mais Pilate, de sa province, en envoya à Rome une copie à l’empereur en ces termes :

  1. C’est-à-dire le premier. (Note de Voltaire.)
  2. Voyez la note 6 de la page 462.
  3. N° 2493 des Manuscrits de Colbert. (Note de Voltaire.)