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vous, comme vous avez dit, périr à jamais ! Mais les Juifs, entendant ces discours, en furent très-irrités. Et, se saisissant de Joseph, ils l’enfermèrent dans une chambre où il n’y avait point de fenêtre. Annas et Caïphas mirent le scellé à la porte sur la clef, y posèrent des gardes, et tinrent conseil avec les prêtres et les lévites pour faire une assemblée générale après le jour du sabbat. Et ils pensèrent de quelle mort ils feraient mourir Joseph. Cela étant fait, les princes Annas et Caïphas ordonnèrent qu’on amenât Joseph. Toute l’assemblée, entendant ces choses, fut saisie d’admiration, parce qu’ils trouvèrent la clef de la chambre scellée[1], et ne trouvèrent pas Joseph. Annas et Caïphas s’en allèrent.

XIII. — Comme tous admiraient ces choses, voici qu’un des soldats qui gardaient le sépulcre dit dans la synagogue : Que comme nous gardions le monument de Jésus, il s’est fait un tremblement de terre[2], et nous avons vu l’ange de Dieu ; comment il a roulé la pierre du monument, et il était assis dessus, et son regard était comme la foudre, et son vêtement comme la neige. Et nous sommes devenus comme morts de peur. Et nous avons entendu l’ange disant aux femmes qui étaient venues au sépulcre de Jésus : Ne craignez point ; je sais que vous cherchez Jésus crucifié ; il est ressuscité ici comme il l’a prédit. Venez et voyez le lieu où il avait été mis, et allez vite dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts, et il vous précédera en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. Et les Juifs faisant venir tous les soldats qui avaient gardé le tombeau de Jésus, ils leur dirent : Quelles sont ces femmes à qui l’ange a parlé ? Pourquoi ne les avez-vous pas arrêtées ? Les soldats répondant dirent : Nous ne savons ce qu’ont été ces femmes, et nous sommes devenus comme morts par la crainte de l’ange ; et comment aurions-nous pu arrêter ces femmes ? Les Juifs leur dirent : Le Seigneur est vivant, parce que nous ne vous croyons pas. Les soldats répondant dirent aux Juifs : Vous avez vu et entendu Jésus qui faisait de si grands miracles, et vous ne l’avez pas cru, comment pourriez-vous nous croire ? Vous avez certes bien dit : Le Seigneur est vivant, et le Seigneur est véritablement vivant. Nous avons appris que vous avez enfermé Joseph, qui ensevelit le corps de Jésus, dans une chambre dont vous aviez scellé la clef, et l’ouvrant vous ne l’avez pas trouvé. Donnez-nous donc Joseph que vous avez gardé dans une chambre, et nous vous donnerons

  1. Act., 5, 18, et 23. (Note de Voltaire.)
  2. Matth., xxviii, v. 2. (Id.)