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ayant connu, il s’enfuit en Égypte avec sa mère Marie. Hérode, lorsqu’il eut appris qu’il était né, voulut le faire mourir, et il envoya massacrer tous les enfants qui étaient nés à Bethléem, et dans tous les environs, depuis l’âge de deux ans et au-dessous. Pilate, entendant ces paroles, craignit ; et, le silence étant fait dans le peuple qui criait, il dit à Jésus[1] : Vous êtes donc roi ? Tous les Juifs disent à Pilate : C’est là celui qu’Hérode cherchait à faire mourir. Or Pilate, prenant de l’eau[2], lava ses mains devant le peuple, disant : Je suis innocent du sang de ce juste, vous n’avez qu’à voir. Et les Juifs répondirent disant : Que son sang soit sur nous et nos enfants ! Alors Pilate fit amener Jésus devant lui, et lui dit ces paroles : Votre nation vous a réprouvé en qualité de roi. C’est pourquoi, moi, Hérode[3], j’ordonne que vous soyez flagellé selon les statuts des premiers princes, et que vous soyez d’abord lié, et pendu en croix dans le lieu où vous avez été arrêté, et deux méchants avec vous dont les noms sont Dimas et Gestas.

X. — Et Jésus sortit du prétoire, et deux larrons avec lui. Et lorsqu’ils furent arrivés au lieu qui s’appelle Golgotha[4], ils le dépouillèrent de son vêtement, et le ceignent d’un linge, et mettent une couronne d’épines sur sa tête, et lui donnent un roseau dans sa main. Et ils pendent pareillement les deux larrons avec lui, Dimas à sa droite, et Gestas à sa gauche. Or Jésus dit : Mon père, pardonnez-leur, parce qu’ils ne savent ce qu’ils font. Et ils partagèrent ses vêtements en jetant le sort sur sa robe. Et les peuples se tinrent là ; et les princes des prêtres, et les vieillards des Juifs le raillaient, disant : Il a sauvé les autres, qu’il se sauve à présent lui-même s’il peut. S’il est fils de Dieu, qu’il descende maintenant de la croix. Or les soldats se moquaient de lui, et, prenant du vinaigre et du fiel, ils lui présentaient à boire et lui disaient : Si vous êtes le roi des Juifs, délivrez-vous vous-même. Mais le soldat Longin, prenant une lance, ouvrit son côté ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Or Pilate mit sur la croix un écriteau en lettres hébraïques, et latines, et grecques, contenant ces paroles : Celui-ci est le roi des Juifs. Mais un des deux larrons qui étaient crucifiés avec Jésus, nommé Gestas, dit à Jésus : Si vous êtes le Christ, délivrez-vous vous-même, et nous aussi. Mais le larron qui était pendu à sa droite, nommé Dimas, répondant, le reprit et dit : Ne craignez-vous pas Dieu,

  1. Jean, xviii, v. 37. (Note de Voltaire.)
  2. Matth., xxvii, v. 24. (Id.)
  3. Matth., xxvii, v. 26, dit Pilate. (Id.)
  4. Matth., xxvii, v. 33. (Id.)