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effrayé, à la multitude des Juifs : Que vous servira-t-il de répandre le sang innocent ?

IX. — Et Pilate faisant venir Nicodème et les douze hommes qui dirent qu’il n’était pas né de la fornication, il leur dit : Que ferai-je, parce qu’il se fait une sédition dans le peuple ? Ils lui disent : Nous ne savons pas ; que ceux qui excitent la sédition voient eux-mêmes. Pilate, faisant revenir une seconde fois la multitude, leur dit : Vous savez que c’est votre coutume, le jour des azymes[1], que je vous délivre un prisonnier ; j’ai un insigne prisonnier[2] homicide, qui se nomme Barrabas, et Jésus qui s’appelle Christ, en qui je ne trouve aucune cause de mort. Lequel donc de ces deux voulez-vous que je vous délivre ? Ils crièrent tous, disant : Délivrez-nous Barrabas. Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, qui s’appelle le Christ ? Ils disent tous : Qu’il soit crucifié ! Ils crièrent une seconde fois disant à Pilate[3] : Vous n’êtes pas ami de César si vous le délivrez, parce qu’il a dit qu’il est fils de Dieu et roi : est-ce peut-être que vous voulez que ce soit lui, et non César ? Alors Pilate, rempli de fureur, leur dit : Votre nation a toujours été séditieuse, et vous avez été contraires à ceux qui vous ont fait du bien. Les Juifs répondirent : Qui sont ceux qui ont été pour nous ? Pilate leur dit[4] : Votre Dieu, qui vous a tiré de la dure servitude des Égyptiens, et vous a fait traverser la mer Rouge à pied sec, et vous a nourris dans le désert avec la manne et la chair des cailles, et a produit de l’eau de la pierre, et vous a donné une loi du ciel ; et en toutes choses vous avez irrité votre Dieu, et vous avez cherché à vous faire un veau jeté en fonte, et vous avez adoré, et vous avez immolé, et vous avez dit : Israël, ce sont là tes dieux, qui t’ont fait sortir de la terre d’Égypte. Et votre Dieu a voulu vous perdre ; et[5] Moïse a prié pour vous afin que vous ne mourussiez pas, et votre Dieu l’a écouté, et il vous a remis votre péché. Ensuite, étant irrités, vous avez voulu tuer[6] vos prophètes, Moïse et Aaron, quand ils s’enfuirent dans le tabernacle ; et vous avez toujours murmuré contre Dieu et ses prophètes. Et, se levant de son tribunal, il voulut sortir dehors. Mais tous les Juifs crièrent : Nous savons que César est roi, et non Jésus…[7]. Car quand il naquit, alors des mages vinrent et lui offrirent des présents. Ce qu’Hérode ayant appris, il fut fort troublé, et il voulut le faire mourir. Ce que son père

  1. Jean, xviii, v. 39. (Note de Voltaire.)
  2. Matth., xxvii, v. 16. (Id.)
  3. Jean, xix, v. 12. (Id.)
  4. Act., vii, v. 36. (Id.)
  5. Exod., xxii, v. 31. (Note de Voltaire.)
  6. Num., xiv. (Id.)
  7. Il me semble qu’il manque ici une phrase. Matth., ii. (Id.)