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LII. — Il y avait aussi parmi eux un philosophe très-savant en médecine et en science naturelle, qui, comme il demandait au Seigneur Jésus s’il avait étudié en médecine, lui, répondant, lui expliqua la physique et la métaphysique, l’hyperphysique et l’hypophysique, les vertus et les humeurs du corps et leurs effets ; le nombre des membres et des os, des veines, des artères, et des nerfs, aussi les tempéraments, le chaud et le sec, le froid et l’humide, et ceux qui en dérivaient ; quelle était l’opération de l’âme sur le corps, ses sensations et ses vertus ; les facultés de parler, de se fâcher, et de désirer ; enfin la congrégation et la dissipation, et autres choses que jamais l’entendement d’aucune créature n’a pénétrées. Alors ce philosophe se levait et adorait le Seigneur Jésus : Ô Seigneur Jésus, dit-il, désormais je serai votre disciple et votre serviteur.

LIII. — Comme ils s’entretenaient de ces choses et d’autres, la divine dame Marie arrivait, après avoir couru trois jours en le cherchant avec Joseph ; et le voyant assis entre les docteurs[1], les interrogeant et leur répondant tour à tour, elle lui disait : Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? voici que moi et votre père vous avons cherché avec une grande fatigue. Mais pourquoi, leur dit-il, me cherchiez-vous ? ne saviez-vous pas qu’il convient que je vaque dans la maison de mon père ? Mais eux ne comprenaient pas les paroles qu’il leur disait. Alors ces docteurs demandaient à Marie s’il était son fils ; et elle disant que oui : Ô Marie, disaient-ils, que vous êtes heureuse d’avoir un tel fils ! Or, il retournait avec eux à Nazareth[2], et il leur obéissait en toutes choses. Et sa mère conservait toutes ses paroles dans son cœur. Et le Seigneur Jésus profitait en taille, et en sagesse, et en grâce devant Dieu et les hommes.

LIV. — Et depuis ce jour il commença à cacher ses miracles et ses secrets, et à s’appliquer à la loi, jusqu’à ce qu’il eût trente ans accomplis[3] ; quand le père le déclara publiquement vers le Jourdain, par cette voix venue du ciel[4] : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je me plais ; le Saint-Esprit présent sous la forme d’une colombe blanche.

LV. — C’est là celui que nous adorons humblement, parce qu’il nous a donné l’essence et la vie, et nous a fait sortir du sein de nos mères[5], qui a pris un corps humain à cause de nous, et

  1. Luc, ii, v. 46. (Note de Voltaire.)
  2. Luc, ii, v. 51. (Id.)
  3. Luc, iii, v. 23. (Id.)
  4. Luc, iii, v. 22. (Note de Voltaire.)
  5. Ps. cxxxviii, v. 13. (Id.)