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beth, gimel, daleth, jusqu’à la fin de l’alphabet. Ce que le maître admirant : Je pense, dit-il, que cet enfant est né avant Noé, et, se tournant vers Joseph : Vous m’avez, dit-il, donné à instruire un enfant plus savant que tous les maîtres. Il dit aussi à la divine Marie : Vous avez là un fils qui n’a besoin d’aucun enseignement.

XLIX. — Ils le menèrent ensuite à un autre maître qui, lorsqu’il le vit : Dites aleph, dit-il. Et lorsqu’il eut dit aleph, le maître lui commandait de prononcer beth. Le Seigneur Jésus lui répondit : Dites-moi premièrement la signification de la lettre aleph, et alors je prononcerai beth. Comme ce maître le frappait de la main, aussitôt sa main sécha, et il mourut. Alors Joseph disait à la divine Marie : Dorénavant ne le laissons plus sortir de la maison, parce que qui que ce soit qui le contrarie, il est puni de mort.

L. — Et lorsqu’il eut douze ans, ils le menèrent à Jérusalem à la fête[1], et, la fête passée, ils s’en retournaient ; mais le Seigneur Jésus restait en arrière dans le temple, parmi les docteurs et les vieillards, et les savants des enfants d’Israël, à qui il faisait diverses questions sur les sciences, et répondait aux leurs. Car il leur disait : Le messie, de qui est-il fils[2] ? Ils lui répondaient : Fils de David. Pourquoi donc, dit-il, l’appelle-t-il en esprit son Seigneur, quand il dit[3] : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, afin que je soumette vos ennemis aux traces de vos pieds ? Alors un certain prince des maîtres l’interrogeait : Avez-vous lu des livres ? Et des livres, répondait le Seigneur Jésus, et les choses qui sont renfermées dans les livres ; et il expliquait les livres et la loi, et les préceptes, et les statuts, et les mystères contenus dans les livres des prophètes, choses que l’entendement d’aucune créature n’a comprises. Ce maître disait donc : Pour moi, jusqu’à présent je n’ai vu ni entendu une telle science ; que pensez-vous que sera cet enfant[4] ?

LI. — Et comme il se trouvait là un philosophe savant dans l’astronomie, et qui demandait au Seigneur Jésus s’il avait étudié l’astronomie, le Seigneur Jésus lui répondait et expliquait le nombre des sphères et des corps célestes, et leurs natures et opérations : l’opposition, l’aspect trine, quadrat, et sextil ; leur progression et rétrogradation ; enfin le comput et le prognostic, et autres choses que jamais la raison d’aucun homme n’a approfondies.

  1. Luc, ii, v. 42. (Note de Voltaire.)
  2. Matth., xxii, v. 42. (Id.)
  3. Ps. cix, v. 1. (Note de Voltaire.)
  4. Luc, i, v. 66. (Id.)