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forte[1] : Qu’ai-je à faire avec vous, ô Jésus, fils de Marie ? Où fuirai-je loin de vous ? Et, étant tout effrayé et se retirant, il laissa la jeune fille. Ainsi il cessa de faire de la peine à cette jeune fille, qui chantait à Dieu des actions de grâces et des louanges, et avec elle tous ceux qui avaient été présents à ce miracle.

XXXV. — Dans ce même endroit était une autre femme dont le fils était tourmenté par Satan. Il se[2] nommait Judas, et chaque fois que Satan s’emparait de lui, il mordait tous ceux qui étaient présents ; et s’il ne se trouvait personne devant lui, il se mordait les mains et les autres membres. La mère de ce misérable entendant donc parler de la divine Marie et de son fils Jésus, se leva promptement ; et ayant pris son fils Judas dans ses bras, elle le porta vers la dame Marie. Cependant Jacques et Joses[3] venaient d’emmener le Seigneur enfant Jésus pour jouer avec les autres enfants ; et, étant sortis de la maison, ils s’étaient assis, et avec eux le Seigneur Jésus. Or, Judas le possédé s’approchant, et s’asseyant à la droite de Jésus, comme Satan le tourmentait suivant la coutume, il tâchait de mordre le Seigneur Jésus, et, ne pouvant pas l’atteindre, il le frappait au côté droit, de sorte que Jésus pleurait ; et à la même heure Satan, fuyant, sortit de cet enfant sous la forme d’un chien enragé. Or cet enfant qui frappa Jésus, et duquel Satan sortit sous la forme d’un chien, fut Judas Iscariote, qui le livra aux Juifs ; et les Juifs percèrent d’une lance ce même côté où Judas l’avait frappé.

XXXVI. — Lors donc que le Seigneur Jésus eut sept ans accomplis, un certain jour qu’il était avec d’autres enfants ses camarades du même âge, lesquels en jouant faisaient différentes figures avec de la terre, des ânes, des bœufs, des oiseaux, et autres semblables ; et chacun, vantant son ouvrage, tâchait de l’élever au-dessus de celui des autres. Alors le Seigneur Jésus disait aux enfants : Pour moi j’ordonnerai aux figures que j’ai faites qu’elles marchent. Ces enfants lui demandant s’il était le fils du Créateur, le Seigneur Jésus leur commandait qu’elles marchassent ; et à la même heure elles sautaient ; et lorsqu’il leur ordonnait de revenir, elles revenaient. Il avait aussi fait des figures d’oiseaux et de moineaux, lesquelles, lorsqu’il leur ordonnait de voler, volaient, et s’arrêtaient lorsqu’il le leur commandait ; que s’il leur présentait à manger et à boire, elles mangeaient et buvaient.

  1. Marc, i, v. 24 ; Luc, iv, v. 34, etc. (Note de Voltaire.)
  2. Luc, xxii, v. 3. ; et Jean, xiii, v. 26. (Id.)
  3. Deux fils de Joseph, frères de Jésus. (Id.) — Voyez l’art. xvii du Protévangile de Jacques, et la note 3 de la page 478.