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cache son péché, je serai trouvé coupable dans la loi du Seigneur[1] ; si je la dénonce à la vue de tous les enfants d’Israël, je crains que cela ne soit pas juste, et que je ne sois trouvé livrant le sang innocent à un jugement de mort. Que ferai-je donc d’elle ? Assurément je l’abandonnerai en cachette. Et la nuit le surprit. Et voici que l’ange du Seigneur lui apparaît en songe, disant : Ne craignez point de recevoir cette jeune fille, car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit : elle enfantera donc un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus, car ce sera lui qui sauvera son peuple de leurs péchés. Joseph se leva donc après ce songe, et glorifia le Dieu d’Israël qui lui a fait cette grâce ; et il garda la jeune fille.

XV. — Or, le scribe Annas vint à Joseph, et lui dit : Pourquoi n’avez-vous pas assisté à l’assemblée ? Et Joseph lui dit : J’étais fatigué du chemin, et je me suis reposé le premier jour. Et, s’étant retourné, le scribe vit Marie enceinte, et il s’en alla courant au prêtre, et lui dit : Joseph, à qui vous rendez témoignage, a grandement péché. Et le prêtre dit : Qu’est-ce que c’est ? Et il lui dit : Il a souillé la vierge qu’il avait reçue du temple du Seigneur, et a dérobé ses noces, et ne les a point déclarées aux enfants d’Israël. Et le prince des prêtres, répondant, dit : Joseph a-t-il fait cela ? Et le scribe Annas dit : Envoyez des ministres, et ils la trouveront enceinte. Et les ministres y allèrent, et trouvèrent comme il leur dit ; et ils l’amenèrent ainsi que Joseph en jugement, et le prêtre dit : Marie, pourquoi avez-vous fait cela ? et pourquoi avez-vous avili votre âme, et avez-vous oublié le Seigneur votre Dieu, vous qui avez été élevée dans le saint de saints, qui avez reçu votre nourriture de la main de l’ange, qui avez entendu ses mystères [et qui avez tressailli de joie en sa présence] ; pourquoi avez-vous fait cela ? Mais elle pleurait amèrement, disant : Le Seigneur mon Dieu est vivant, parce que je suis pure en présence du Seigneur, et je ne connais point d’homme. Et le prêtre dit à Joseph : Pourquoi avez-vous fait cela ? Et Joseph dit : Le Seigneur Dieu est vivant [et son Christ[2] est vivant], parce que je suis pur d’elle. Et le prêtre dit : Ne dites point un faux témoignage[3], mais dites vrai ; vous avez dérobé ses noces, et ne les avez point manifestées aux enfants d’Israël ; et vous n’avez point incliné votre tête sous la main toute-puissante[4] afin que votre race fût bénie. Et Joseph se tut.

  1. Deutéronome, xxii, v. 13. (Note de Voltaire.)
  2. I. Sam., xii, v. 3 et 5. (Id.)
  3. Exod., xx, v. 16. (Id.)
  4. I. Pet. ep., ch. v, v. 6. (Id.)