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vassent à la solennité qui approchait, afin qu’il pût savoir par leur conseil ce qu’il y avait à faire dans une chose si douteuse. Ce qui ayant été fait, l’avis de tous fut qu’il fallait consulter le Seigneur sur cela. Et tout le monde étant en oraison, le pontife, selon l’usage[1], se présenta pour consulter Dieu. Et sur-le-champ tous entendirent une voix qui sortit de l’oracle et du lieu du propitiatoire[2], qu’il fallait, suivant la prophétie d’Isaïe, chercher quelqu’un à qui cette vierge devait être recommandée et donnée en mariage. Car on sait qu’Isaïe dit[3] : Il sortira une verge de la racine de Jessé ; et de cette racine il s’élèvera une fleur sur laquelle se reposera l’esprit du Seigneur, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété ; et elle sera remplie de l’esprit de la crainte du Seigneur. Il prédit donc, selon cette prophétie, que tous ceux de la maison et de la famille de David qui seraient nubiles et non mariés n’avaient qu’à apporter leurs verges à l’autel, et que l’on devait recommander et donner la vierge en mariage à celui dont la verge, après avoir été apportée, produirait une fleur, et au sommet de laquelle l’esprit du Seigneur se reposerait en forme de colombe.

VIII. — Joseph, entre autres, de la maison et de la famille de David, était fort âgé, et tous portant leurs verges selon l’ordre, lui seul cacha la sienne. C’est pourquoi rien n’ayant apparu de conforme à la voix divine, le pontife pensa qu’il fallait derechef consulter Dieu, qui répondit que celui qui devait épouser la vierge était le seul de tous ceux qui avaient été désignés qui n’eût pas apporté sa verge. Ainsi Joseph fut découvert. Car lorsqu’il eut apporté sa verge, et qu’une colombe venant du ciel se fut reposée sur le sommet, il fut évident à tous que la vierge devait lui être donnée en mariage. Ayant donc célébré le droit[4] des noces selon la coutume, lui se retira dans la ville de Bethléem, pour arranger sa maison, et pourvoir aux choses nécessaires pour les noces. Mais la vierge du Seigneur, Marie, avec sept autres vierges de son âge, et sevrées avec elle, qu’elle avait reçues du prêtre, retourna en Galilée dans la maison de son père.

  1. Num., ch. xxvii, v. 21. (Note de Voltaire.)
  2. Num., ch. vii, v. 89. (Id.)
  3. Ch. xi, v. 1. (Id.)
  4. C’est-à-dire les fiançailles, dans lesquelles on écrivait le nom de l’époux et de l’épouse sur des tablettes dans une assemblée solennelle. (Philo. de leg. special., p. 608, édit. de Genève.) (Id.)