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Nazareth, et fut élevée à Jérusalem, dans le temple du Seigneur. Son père se nommait Joachim, et sa mère Anne. La famille de son père était de Galilée, et de la ville de Nazareth. Celle de sa mère était de Bethléem. Leur vie était simple et juste devant le Seigneur, pieuse et irrépréhensible devant les hommes : car ayant partagé tout leur revenu en trois parts, ils dépensaient la première pour le temple et ses ministres ; la seconde, pour les pèlerins et les pauvres, et réservaient la troisième pour eux et leur famille. Ainsi, chéris de Dieu et des hommes, il y avait près de vingt ans qu’ils vivaient chez eux dans un chaste mariage sans avoir des enfants. Ils firent vœu, si Dieu leur en accordait un, de le consacrer au service du Seigneur ; et c’était dans ce dessein qu’à chaque fête de l’année ils avaient coutume d’aller au temple du Seigneur.

II. — Or il arriva que, comme la fête de la dédicace approchait, Joachim monta à Jérusalem avec quelques-uns de sa tribu. Le pontife Issachar se trouvait alors de fonction. Et lorsqu’il aperçut Joachim parmi les autres avec son oblation, il le rebuta et méprisa ses dons, en lui demandant comment, étant stérile, il avait le front de paraître parmi ceux qui ne l’étaient pas. Que, puisque Dieu l’avait jugé indigne d’avoir des enfants, il pouvait penser que ses dons n’étaient nullement dignes de Dieu : l’Écriture déclarant[1] « maudit celui qui n’a point engendré de mâle en Israël ». Il ajouta qu’il n’avait qu’à commencer d’abord par se laver de la tache de cette malédiction en ayant un enfant, et qu’ensuite il pourrait paraître devant le Seigneur avec ses oblations. Joachim, confus de ce reproche outrageant, se retira auprès des bergers qui étaient avec ses troupeaux dans ses pâturages : car il ne voulut pas revenir à la maison, de peur que ceux de sa tribu qui étaient avec lui ne lui fissent le même reproche outrageant qu’ils avaient entendu de la bouche du prêtre.

III. — Or, quand il y eut passé quelque temps, un jour qu’il était seul, l’ange du Seigneur s’apparut à lui avec une grande lumière. Cette vision l’ayant troublé, l’ange le rassura, en lui disant : Ne craignez point, Joachim, et ne vous troublez pas de me voir ; car je suis l’ange du Seigneur : il m’a envoyé vers vous

    la rapporte Fabricius dans son Codex apocryphus Novi Testamenti. Il en est de même des vingt-cinq articles du Protévangile de Jacques, des sept de l’Évangile de l’enfance du Christ, des cinquante-cinq de l’Évangile de l’enfance, des trente-huit de l’Évangile de Nicodème, des Deux Lettres de Pilate, de la Relation du gouverneur Pilate, et de la Relation de Marcel. (B.)

  1. Isaïe, ch. iv, v. 1, ne maudit que la femme stérile. (Note de Voltaire.)