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A M. L'ABBÉ FOUCHER. 435

Saddcr pour un capitaine persan, et que vous ne pouvez, en con- science, dire de lui :

Notre magot prit pour ce coup '■

Le nom d'un port pour un nom d'homme :

De telles gens il est beaucoup

Qui prendraient Vaugirard pour Rome,

Et qui, caquetant au plus dru,

Parlent de tout, et n'ont rien vu.

Je ne demande pas qu'en vous rétractant vous apportiez un sac plein d'or pour payer votre pari, avec une épée pour en être percé à discrétion par l'offensé. Je connais ce bon homme : il ne veut assurément ni vous ruiner, ni vous tuer 2; et, d'ailleurs, on sait que, dans les dernières cérémonies persanes, il a par- donné publiquement à ceux qui l'avaient calomnié auprès du sofl^

Je suis très-étonné, monsieur, que vous prétendiez l'avoir fâché, car c'est le vieillard le moins fâché et le moins fâcheux que j'aie jamais connu. Je vous félicite très-sincèrement de n'être point du nombre des critiques qui, après avoir voulu décrier un homme, s'emportent avec toutes les fureurs de la pédanterie et de la calomnie contre ceux qui prennent modestement la défense de l'homme vexé. Je renvoie ces gens-là à la noble et judicieuse lettre de M. le comte de La ïouraille*, qui a si généreusement combattu depuis peu en faveur du neveu de l'abbé Bazin, Vous semblezêtre d'un caractère tout différent; vous entendez raillerie, vous paraissez aimer la vérité.

Adieu, monsieur; vivons en honnêtes parsis, ne tuons jamais le coq, récitons souvent la prière de VAshim Vuhu; elle est d'une grande efficacité, et elle apaise toutes les querelles des savants, comme le dit la porte 39.

Lorsque nous mangeons, donnons toujours trois morceaux à notre chien, parce qu'il faut toujours nourrir les pauvres, et que rien n'est plus pauvre qu'un chien, selon la porte 35.

1. La Fontaine, livre IV, fable vu.

2. Dans sa réponse à Bigex, Foucher disait: «M. de V. me rassure; il ne veut ni me rainer, ni me tuer. »

3. VVagnière, dans ses Additions au commentaire historique, qui font partie des Mémoires sur Voltaire, publiés en 182G, raconte les circonstances de la com- munion de Voltaire, le 1" avril 1709. Après avoir reçu l'hostie, il prononça ces paroles : « Ayant mon Dieu dans ma bouche, je déclare que je pardonne entiè- rement à ceux qui ont écrit au roi des calomnies contre moi, etc. »

4. Voyez sa Lettre à M. de Voltaire sur les opéras i^lnlosophi-comiques, 1769- in-12 de 08 pages.

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