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414 LETTRE A M. DE VOLTAIRE.

��LETTRE

A M. DE VOLTAIRE, AU SUJET DE L'EX-JÉSUITE NONOTTE,

DU 7 FÉVRIER 1 7 G 0.

Monsieur,

Tandis que vous prenez les soins généreux de défricher des terres incultes, de bâtir des églises, d'établir des écoles de cha- rité ; tandis que tous vengez l'innocence opprimée, et que vous établissez la petite fille du grand Corneille, vous n'avez pas sans doute eu le loisir de jeter des yeux attentifs sur le libelle du nommé Nonotte. Je viens d'y découvrir des ignorances aussi étranges que sa fureur et sa mauvaise foi sont punissables.

Voici comme il parle, page 4 de son avant-propos. Il vous donne pour le plus ancien livre du monde leHanscrit, livre que jamais personne n'a vu ni connu, qui n'a jamais existé que dans son ima- gination, etc. Vous voyez, monsieur, que cet imbécile prend la langue des brachmanes pour un livre des brachmanes. ^ous savez, et je Tai appris de vous, que ce Hanscrit est encore au- jourd'hui la langue sacrée des brames ; qu'on étudie encore dans le Malabar et sur le Gange ce Hanscrit, comme nous apprenons le latin, qu'on ne parle plus. Vous savez que les caractères du Hanscrit n'ont aucun rapport avec les caractères correspondants des autres langues : ce qui prouve assez que les anciens Indiens n'ont rien pris d'aucun peuple.

C'est dans cette langue sacrée que sont écrits le Veidam, VÉzour-Veidam, le Cormo-Veidam, et les livres du Shasta, qui sont fort antérieurs au Veidam. L'ignorant calomniateur dit en vain que ces livres ne sont connus de personne : vous aA ez envoyé à la Bibliothèque du roi un manuscrit' contenant la traduction de VÉzour-Veidam et le savant M, Hohvell, qui a demeuré si long- temps à Bénarès, a traduit des morceaux considérables du Shasta.

C'est avec la même impudence que cet effronté menteur cite, à la page 5, une prétendue lettre de M. l'abbé Velly, et votre ré- ponse. Jamais vous n'avez reçu de lettre de M. l'abbé Velly, jamais vous ne lui avez écrit. La plupart des autres mensonges qu'il avance sont punissables. Il n'y a pas une page de son libelle qui ne soit une imposture. Il attaque impudemment plus de vingt

■1. Voyez la note, tome XXVI, page 392.

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