Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée

410 RÉPONSE

avant kok, il y est parlé d'un Sigismond, roi de Bourgogne, tué en 523,

Il ne sait pas que cet événement du prétendu saint Maurice, et de la prétendue légion thébaine, est supposé être arrivé sous Dioclétien, lan 287, temps auquel Dioclétien, loin de persécuter les chrétiens, était leur protecteur déclaré ; temps auquel les principaux officiers de son palais étaient chrétiens, et que même sa femme Prisca était chrétienne,

Croiriez-vous bien, monsieur, que ce pauvre Nonotte me traite d'impie parce que je n'ai pas eu autant de foi aux jésuites hol- landistes qu'aux saints évangiles ? J'avoue que, dans VHistoire géné- rale des mœurs et de l'esprit des nations^, j"ai douté de plusieurs anecdotes du martyre du jeune saint Romain-, quoiqu'il soit rapporté tout au long dans les véritables Actes sincères ^ du révé- rend père don Thierry Ruinart, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, homme d'un très-grand sens et d'une érudition fort utile. Il dit qu'il a tiré cette histoire d'Eusèbe de Césarée, au livre second de la résurrection. Je ne l'ai trouvée ni dans sa Prépara- tion, ni dans sa Démonstration évangélique, mais dans le livre VIII de son histoire de l'Église. Voici, monsieur, ce que Ruinart rap- porte avec la véracité d'un de Thou et l'esprit d'un Tacite,

Le jeune Romain fit le voyage d'Antioche en 303, exprès pour avoir le plaisir d'être martyrisé. Il s'en va trouver le juge Asclé- piade, et lui dit : a Voici un nouveau soldat qui se présente pour vous combattre; voyez si vous pouvez le vaincre. » Asclépiade accepte le défi ; il livre le petit Romain h une demi-douzaine de bourreaux, se met à leur tête ; ils tombent tous sur lui à coups de sabres et d'épées, rien ne peut seulement effleurer la peau de saint Romain. « Cessez, lui dit le saint, de vouloir tenir contre le Tout-Puissant. Prétendez-vous résister à Jésus-Christ, qui est le seul empereur? » Le juge Asclépiade, indigné qu'on appelle empe- reur un autre que Dioclétien, déclare sur-le-champ le petit Ro- main criminel de lèse-majesté, et le condamne à être brûlé vif. On dresse un beau bûcher de sarments, de roseaux et débuches; on y place Romain. Toute la ville d'Antioche accourt gaiement à ce spectacle, selon la coutume. Il se rencontra dans la foule plu- sieurs Juifs, qui se mirent à rire de toute leur force en voyant le feu allumé. « Comment ! disent-ils, leur Jésus ne les délivre pas des

��1. Voyez l'Avertissement de Beuchot, tome XI.

2. ^"oJ■ez tome XXIV, page 485.

3. Voyez la note, tome XIV, page 125.

�� �