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ÉCRITE A M. DE VOLTAIRE. 405

la congrégation de l'enfance de Jésus à Toulouse. Sa haute répu- tation lui attira bientôt des prosélytes, qu'elle logea dans une très- belle maison; un des règlements de cette congrégation fut que les religieux de certaine société ne seraient jamais admis à la direction des sœurs; cette exclusion excita la haine delà société, et la belle maison des religieuses de l'enfance fut l'objet de sa convoitise. La destruction de cette congrégation naissante fut ré- solue : il ne s'agit plus que d'en trouver les moyens. Ses ennemis étaient alors dans le plus grand crédit; ils usèrent de leurs armes ordinaires. M"'^de Mondonville fut accusée de jansénisme, d'avoir inspiré cette doctrine à ses religieuses, de les éloigner de la fré- quentation des sacrements, de les confesser elle-même; d'avoir dans son église, et même sur les autels, sous des draperies saintes, les vrais portraits de Jansénius et de l'abbé de Saint- Cyrau; de cacher dans son couvent une imprimerie d'où sor- taient tous les livres qui s'imprimaient en faveur du jansénisme, et ceux qui paraissaient contre le droit de régale, dont il était alors question.

Le crédit de la société donna du poids à ces faussetés et à mille autres. La congrégation de l'enfance, manquant de pro- tection, fut détruite, et la maison qu'elle occupait devint la proie de ses ennemis. Pour l'édification publique, il parut une histoire dans laquelle on s'efforça de répandre le plus grand ridicule sur la religion et les mœurs de M""^ de Mondonville et de ses religieuses. Cette histoire étant tombée entre les mains d'un neveu de cette dame après sa mort, ce neveu, après avoir pris des renseigne- ments à cet égard, se pourvut au parlement de Toulouse, de- manda la permission de justifier sa tante, la suppression de cette histoire fabuleuse, et d'être admis à informer sur les faits sup- posés qu'elle contenait. Il conste, par la procédure faite de l'au- torité de la cour, que tous les faits rapportés contre M"'^ de Mon- donville étaient faux; le parlement supprima en conséquence par arrêt VHistoire calomnieuse de la congrégation de l'enfance^, la mé- moire de M"'^ de Mondonville fut rétablie; mais la maison resta à ceux qui la tenaient par autorité, et qui ne tiennent plus rien

1. VHistoire de la congrégation des filles de Venfance de notre Seigneur Jésus- Christ (par Reboulet), Amsterdam (Avignon), 1734, deux volumes in-l^, a été condamnée, comme libelle diffamatoire, à être brûlée, par arrêt du parlement de Toulouse du 25 mai 1735. L'arrêt avait été rendu sur les plaintes de Guillaume de Juliard, neveu de M"= de Mondonville, et qui avait fait imprimer un Mémoire de Fr.-Cl. Pujos, avocat, in-folio, réimprimé in-12. Reboulct ayant, en 1737, public une Réponse au Mémoire, cette Réponse fut aussi condamnée au feu par arrêt du parlement de Toulouse du 17 février 1738. (B.)

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