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404 LETTRE ANONYME

et nous égorger comme vous avez fait à l'amiral ? Non, ce n'est pas à des hommes sans défense, c'est à des gens armés que vous avez à faire; à des gens à qui vos perfidies passées ont appris à se tenir sur leurs gardes; montrez-vous, jeunes mignons; venez éprouver, à vos dépens, s'il est aussi aisé que vous le pensez de faire tête seulement à nos femmes; » que n'ayant aucun espoir de réduire la place, le roi ordonna de lever le siège; que les as- siégés, après une des plus belles défenses dont l'histoire fasse mention, suivirent l'armée dans sa retraite, et taillèrent en pièces presque tous les Suisses.

Si l'auteur du livre des Erreurs connaissait l'histoire, il saurait enfin que Montbrun ne commanda jamais dans Livron; qu'il ne fut jamais sommé de rendre cette place; qu'il ne parla jamais au roi lui-même; qu'il commandait l'armée qui tenait la campagne; qu'ayant été sommé de mettre bas les armes, il répondit qu'il était prêt à rendre obéissance au roi; mais que d'autant qu'on en voulait à sa vie et à la liberté de sa conscience, il était résolu de se défendre jusqu'à ce qu'il verrait sûreté; que Rochegude et Pierregourde répondirent de même; que les amis que Montbrun avait dans l'armée du roi lui ayant représenté, lorsqu'il fut blessé et prisonnier, qu'il avait eut tort de souffrir que ses cou- reurs eussent attaqué les équipages du roi, il répondit que le jeu et les armes rendent les hommes égaux : réponse qui a un sens dans cette occasion, et qui ne signifierait rien dans celle où l'auteur l'a placée. On rapporte historiquement cette réponse, sans approuver ce qu'elle contient d'irrégulier entre un sujet et son maître.

L'auteur demande si on pourrait lui citer quelque abbesse qui ait confessé ses religieuses ?

On lui répondra avec M. l'abbé Fleury, livre LXXVI, tome XVI, page 2/i6 de VHistoire ecclésiastique, « qu'il y avait en Espagne des abbesses qui donnaient la bénédiction à leurs religieuses, en- tendaient leurs confessions, et prêchaient publiquement, lisant l'Évangile ; que ce fait paraît par une lettre du pape du 10 dé- cembre 1210 ».

S'il est singulier que l'auteur du livre des Erreurs ne connaisse pas l'histoire de l'Église, il l'est bien plus qu'il rappelle celle de la congrégation de l'enfance. On va lui démontrer qu'on ne l'ignore pas.

M"* de Mondonville S femme d'un mérite distingué, institua

\. Jeanne de Juliard, veuve de M. Turle, seigneui- de Mondonville.

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