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' L'A, B, C. 393

le ThaiU ou Mercure trismégiste dos Égyptiens ; Adam leur est aussi inconnu que le sont les ancêtres de tant de marquis et de barons dont l'Europe fourmille.

C. Point d'Adam! cela est bien triste. Tous nos almanachs comp- tent depuis Adam.

A.

Ils compteront comme il leur plaira; lesÉtrennes mignonnes ne sont pas mes archives.

B. Si jjien donc que monsieur A est préadamite ?

A.

Je suis présaturnien, préosirite, prébramite, prépandorite.

C. Et sur quoi fondez-vous votre belle hypothèse d'un monde éternel ?

A.

Pour vous le dire, il faut que vous écoutiez patiemment quel- ques petits préliminaires.

Je ne sais si nous avons raisonné jusqu'ici bien ou mal ; mais je sais que nous avons raisonné, et que nous so mmes tous les trois des êtres intelligents' : or des êtres, intelligents ne peuvent avoir été formés par un être brut, aveugle, insensible ; il y a cer- tainement quelque différence entre les idées de Newton et des crottes de mulet. L'intelligence de Newton venait donc d'une autre intelligence.

Quand nous voyons une belle machine, nous disons qu'il y a un bon machiniste, et que ce machiniste a un excellent enten- dement. Le monde est assurément une machine admirable : donc il y a dans le monde une admirable intelligence, quelque part qu'elle soit. Cet argument est vieux, et n'en est pas plus mauvais.

Tous les corps vivants sont composés de leviers, de poulies, qui agissent suivant les lois de la mécanique, de liqueurs que les lois de l'hydrostatique font perpétuellement circuler; et quand on songe que tous ces êtres ont du sentiment qui n'a aucun rap- port à leur organisation, on est accablé de surprise.

Le mouvement des astres, celui de notre petite terre autour du soleil, tout s'opère en vertu des lois de la mathématique la

1. Une partie de ce qui suit a été reproduit dans les Questions sur VEncijdo- pédie; voyez tome XVII, page 464.

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