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364 L'A, B, C.

savoir comment Confiitzée avait été fait ou engendré; s'ils ont institué des pratiques superstitieuses qui faisaient passer dans leurs poches l'argent des âmes dévotes; s'ils ont établi leur gran- deur temporelle sur la sottise de ces âmes peu spirituelles; si enfin ils ont armé des fanatiques pour soutenir leurs inventions par le fer et par les flammes, il est indubitable qu'il a fallu répri- mer ces imposteurs. Quiconque a écrit en faveur de la religion naturelle et divine, contre les détestables abus de la religion sophistique, a été le bienfaiteur de sa patrie.

C.

Souvent ces bienfaiteurs ont été mal récompensés. Ils ont été cuits ou empoisonnés, ou ils sont morts en l'air, et toute réforme a produit des guerres.

A.

C'était la faute de la législation. Il n'y a plus de guerres reli- gieuses depuis que les gouvernements ont été assez sages pour réprimer la théologie.

B.

Je voudrais, pour Tlionneur do la raison, qu'on l'abolît au lieu de la réprimer : il est trop honteux d'avoir fait une science de cette folie. Je connais bien à quoi sert un curé qui tient registre des naissances et des morts S qui ramasse des aumônes pour les pauvres, qui console les malades, qui met la paix dans les familles; mais à quoi sont bons les théologiens? Qu'en revien- dra-t-il à la société, quand on aura bien su qu'un ange est infini, secundum quid, que Scipion et Caton sont damnés pour n'avoir pas été chrétiens, et qu'il y a une différence essentielle entre catègorématiqiie et syncatégorématique ?

N'admirez-vous pas un Thomas d'Aquin qui décide que « les parties irascibles et concupiscibles ne sont pas parties de l'appé- tit intellectuel » ? Il examine au long si les cérémonies de la loi sont avant la loi. Mille pages sont employées à ces belles ques- tions, et cinq cent mille hommes les étudient.

Les théologiens ont longtemps recherché si Dieu peut être citrouille ou scarabée ; si, quand on a reçu l'eucharistie, on la rend à la garde-robe.

Ces extravagances ont occupé des têtes qui avaient de la barbe

��] . Voltaire n'a pas osé ici s'élever contre l'usage de confier au clergé les regis- tres de l'état civil. Mais, deux ans plus tard, il dit nettement que le sacrement et le contrat sont deux choses bien dijlérentes. (B.) — Voyez tome XX, page 20.

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